Maigret enquête sur ses terres natales où l'a convié une vieille amie inquiète d'une lettre anonyme lui annonçant sa mort prochaine. De fait, la comtesse de Saint-Fiacre trépasse peu après.
Jean Gabin incarne le fameux commissaire avec une relative sobriété et sa composition est somme toute honorable. Il est au coeur d'une intrigue provinciale modeste et peu spectaculaire, jusqu'au dénouement, théatral, où Maigret convoque, comme chez Agatha Christie, l'ensemble des suspects, à travers laquelle Simenon s'applique à décrire l'entourage peu reluisant de la défunte. Son fils, dépensier et endetté (Michel Auclair, cynique), son secrétaire très particulier (Robert Hirsch, fébrile), son médecin de famille négligent (Paul Frankeur) font de possibles assassins, encore que, comme souvent dans ce type d'énigmes policières, les plus suspects ne font pas forcément les bons coupables. A cet égard, on ne sera guère surpris par la révélation finale.
Quant à la nature de l'intrigue, elle ne porte pas à une action ou à un suspens haletants. Et ce d'autant moins que la réalisation de Delannoy parait épouser le rythme de la vie provinciale, de telle façon que le sujet manque d'intensité dramatique. Les personnages généralement complexes de Simenon confinent parfois, du fait de l'adaptation de Delannoy, au stéréotype. En revanche, ils témoignent d'une France d'autrefois qui ne manque pas de charme.