Une passionnante plongée dans la France provinciale des années 50, avec cette enquête du commissaire Maigret délocalisée du côté de Moulins, où le jeune Jules vécut une partie de son enfance, son père étant à l'époque le régisseur du comte de Saint-Fiacre.
Aussi, lorsque quarante ans plus tard la comtesse (désormais veuve) fait appel à lui, suite à la réception d'une lettre anonyme menaçante, Maigret accourt aussitôt et replonge dans ses jeunes années.
Hélas, sa présence n'empêche pas le décès de la veuve Saint-Fiacre, à la suite d'un arrêt cardiaque, habilement provoqué par le mystérieux assassin.
Le commissaire découvre alors que les suspects du crime ne manquent pas, au sein de cette petite communauté en déliquescence...
Malgré une enquête assez linéaire, le réalisateur Jean Delannoy parvient à maintenir le suspense jusqu'aux derniers instants, dans ce whodunit à la française, à la croisée de Claude Chabrol et d'Agatha Christie.
Ajoutez les dialogues de Michel Audiard, le talent de Jean Gabin (qui cabotine un brin) et la qualité des seconds rôles (Michel Auclair, Paul Frankeur, Robert Hirsch...), et vous obtiendrez la meilleure enquête au cinéma du héros imaginé par Simenon, supérieure à mon avis au déjà remarquable "Maigret tend un piège", et a fortiori au médiocre "Maigret voit rouge" (sans parler des films plus anciens avec Albert Préjean ou Harry Baur dans le rôle-titre).