En dépit du plaisir de retrouver Jean Gabin dans la peau du célèbre commissaire, pour la troisième fois, "Maigret voit rouge" est une véritable déception, surtout après les deux adaptations précédentes, remarquables, signées Jean Delannoy.
Ici, la réalisation est confiée à Gilles Grangier, un proche de Gabin, et le film manque cruellement de rythme et de chair. On s'ennuie rapidement devant cette enquête laborieuse et confuse, qui ne se décante que dans ses derniers instants, sans fournir auparavant d'indices suffisants pour embarquer le spectateur.
Il faut dire que le roman original de Simenon s'appuie sur des ressorts essentiellement psychologiques, sans trop d'action ni de rebondissement, et se prêtait sans doute moins bien que d'autres à une adaptation ciné.
Autre point faible : l'absence des dialogues de Michel Audiard, si savoureux dans les deux épisodes précédents, contribue à faire sombrer le film dans la banalité.
D'autant que les Américains sont interprétés par des comédiens français (notamment Michel Constantin) qui baragouinent un anglais douteux, ajoutant à la confusion générale.
Bref un polar à oublier, au contraire de ses prédécesseurs "Maigret tend un piège", et surtout "L'affaire Saint-Fiacre", qu'à l'inverse je recommande chaudement.