Main dans la main... J'ai cru que je ne verrais jamais ce film. Je l'appelais même "mon film maudit". Après la révélation de La Guerre est Déclarée, il était hors de question que je rate la sortie du nouveau film de Valérie Donzelli. J'avais vu la bande-annonce au journal, à l'époque où j'avais encore la télé, et je voulais vraiment y aller. J'avais même réussi à convaincre ma voisine de venir avec moi (ma voisine est géniale, c'est à la fois ma copine de cinoche et de beuverie, et ma confidente, dommage qu'on ne soit plus voisines d'ailleurs). Bref, nous étions en route vers de nouvelles aventures cinématographiques quand nous avons découvert qu'il y avait une panne de chauffage précisément dans la salle où passait ledit film. Il faisait -10 °C et j'avais la grippe, combinaison gagnante je vous le dis. On est donc allées voir Populaire, un autre des mes coups de cœur. Malheureusement, le film n'ayant jamais changé de salle, le chauffage n'ayant jamais été réparé, je n'ai jamais vu Main dans la main.
Un peu oublié un peu plus d'un an après, l'affiche m'est passée sous les yeux complètement par hasard, et j'ai eu de nouveau envie de le voir. Un peu plus de 23 h chez moi, demain je ne travaille pas, oh, et si je me regardais un petit film ? Celui-là n'est pas trop long, ça ne me fera pas me coucher trop tard en plus, idéal. Un peu d'appréhension quand même, je me dis qu'il va y avoir un truc, une coupure, de courant, un cafard à chasser, etc. qui va m'empêcher d'accomplir ma destinée (j'y vais un peu fort, je sais), et de regarder Main dans la main. Mais non, je l'ai regardé bien tranquillement, dans le fond de mon lit. Et c'était beau.
Oui, après vous avoir singulièrement barbés avec l'histoire de how i watched that movie (mais ça n'a pas duré 9 saisons comme how i met your mother, donc aucune plainte ne sera acceptée), je vais pouvoir vous dire ce que j'ai pensé du film.
Déjà, j'aime beaucoup l'univers de la danse classique, la grâce, la beauté, la justesse des mouvements... et j'ai beaucoup aimé que cet univers soit bousculé par la douce folie des personnages. Un grand dadais en collants de fillette qui danse maladroitement au milieu des petits rats, Valérie Donzelli dont les chorégraphies détonnent complètement avec le classique, et bien sûr, Valérie Lemercier.... qu'on ne voit pas beaucoup danser finalement ! Que de contradictions !
Le personnage de Valérie Lemercier est une contradiction à lui tout seul d'ailleurs. Elle paraît rigide est renfermée de prime abord, mais aussi très classe, comme doit l'être une directrice d'opéra. Mais dès qu'elle entre en contact avec Jérémie Elkaim, ses fissures et sa folie apparaissent, la rendant particulièrement attachante. Je n'ai jamais beaucoup aimé Valérie Lemercier, mais je trouve qu'elle prend de la valeur avec l'âge, en tant qu'actrice et en tant que femme, elle embellit. Elle forme un duo du tonnerre avec Béatrice de Staël, qui elle aussi joue un personnage inattendu, passant d'agaçante à touchante. Valérie Donzelli et Jérémie Elkaim sont inséparables, et c'est tant mieux, car ils forment aux aussi un très bon duo.
L'histoire, quant à elle, est complètement improbable, teintée d'humour, et d'une sensibilité plus subtile. On rit, on s'émeut, on sourit tout le long du film. C'est improbable, mais on ne se dit jamais que c'est n'importe quoi, ou que ça n'a pas d'intérêt, bien que l'on ait pas du tout l'impression d'être dans un film fantastique. Au contraire, on a l'impression que tout est très naturel finalement, malgré les bizarreries de l'intrigue et des relations entre les personnages. Peut-être est-ce parce que ces personnages sont, somme toute, très humains, très basiques à leur manière. Comme tout le monde, ils peuvent rêver de gloire en participant à une émission télé comme Véro, comme tout le monde, il refusent de faire des choses, tout simplement parce qu'ils n'en n'ont pas envie, comme tout le monde, ils aiment, vivent, et meurent.
Je crois que j'ai aimé ce film surtout parce que contrairement à beaucoup d'autres, il n'est pas moralisateur, il n'y a pas de pseudo leçon à en tirer. Il donne juste envie de vivre selon ses envies. Et de danser, parce que ça rend heureux.