Deux jeunes filles issues d'un pensionnat religieux vouent un culte à Satan, allant l'encontre de leur éducation. Cette adoration leur fait lire, dire ou voir des choses que la bienséance réprimande, et cela va aller de mal en pis, en commençant par rejeter Jésus.
Film méconnu, de ceux qu'on se passe sous le manteau, scènes troublantes, perversité... Mais ne nous délivrez pas du mal est passé par toutes les étapes, et a même été interdit pour une première sortie, car les scènes avec les deux filles, incarnées par Catherine Wagener et Jeanne Goupil (qui sera la femme du réalisateur) sont si fortes, si choquantes, qu'on avait du mal à croire que ces femmes de 21 ans (majeures au moment du tournage) pouvaient jouer des rôles de 15-16 ans.
Il en résulte quelque chose de fascinant, sans doute unique dans le cinéma français, à blasphémer de manière frontale la religion pour embrasser le satanisme, ou à montrer des scènes souvent crues, qui vont jusqu'au viol, avec une telle réalité.
C'est d'ailleurs cette absence de morale et la liberté de Joël Séria pour son premier film qui donne quelque de très impressionnant, ancré dans la France profonde (le lieu est indéterminé), avec une fille en butte avec le rigorisme, notamment religieux de ses parents, qui vivent de manière simple, comme si la télévision était en soi un péché par exemple. Ils vont à la messe chaque dimanche entendre les sermons d'un prêtre pour la protection de nos chères têtes blondes, notamment la pornographie et les images licencieuses, et pour montrer son opposition à cette religion, elle et son amie vont accepter l'hostie puis le recracher pour prouver à la fois leur rejet de Jésus et leur appartenance à Satan.
Je pense qu'on n'aura plus jamais de films montrant ainsi le corps naissant d'une adolescente qui, par provocation, veut offrir ses charmes au premier fermier venu avant de se rétracter, tout ceci par provocation. Le film tourne aussi du désir, amoureux, sexuel, religieux, de l'interdit de manière générale, jusqu'au final incroyable de subversion.
Mais ne nous délivrez pas du mal a toujours été précédé de sa réputation d'oeuvre difficile (il n'est pas interdit aux moins de 16 ans pour rien), avec deux actrices formidables, mais il mérite absolument sa grande réputation, occultée dans la filmographie de Joël Séria par Les galettes du Pont-Aven, pas dans le même style. Mais je ne peux que vous recommander ce grand film.