L'histoire de Mais vous êtes fous est inspirée de la réalité mais cela n'influe que peu sur notre regard vers un film qui de toute manière joue la carte du réalisme et ne démérite pas quant à assurer la crédibilité d'un récit assez étonnant et pesant, non par son point de départ (l'addiction à la cocaïne d'un homme bien sous tous rapports) mais des conséquences de son mal sur son microcosme familial. Pour autant, le film manque un peu de personnalité dans sa mise en scène et son montage pour prétendre à être décrit autrement que comme une oeuvre honorable et honnête. Laquelle, et ce n'est pas un regret, s'intéresse moins aux raisons de la "maladie" de ce dentiste, sans problèmes apparent, qu'à l'ébranlement d'un couple qu'une révélation soudaine et le danger concomitant fissurent dramatiquement. Certes, on aurait aimé plus d'intensité dans la tragédie en marche mais la primo-réalisatrice Audrey Diwan a préféré rester à hauteur humaine, choisissant délibérément la modestie et l'intimisme dans le traitement de son sujet. Manque d'ambition peut-être, marqué par une certaine atonie de style mais tout de même rehaussé par les performances subtiles de Céline Sallette et Pino Marmaï. Du point de vue de la direction d'acteurs, y compris avec les enfants, il n'y a aucun reproche à faire à la cinéaste débutante.