" You thieves, renegades, deserters, you gentlemen of the South ! "
Village en feu et sol jonché de cadavre, le générique ne trompe pas.
Le Mexique, sa poussière, ses petits villages perdus au milieu de nulle part, ses fiestas, le soleil, les massacres et les affrontements sanguinolents mais aussi l’alcool qui coule à flot et les femmes sublimes qui adoucissent les hommes les plus durs, bienvenu dans l’univers du grand Sam.
Amos Dundee (ce blaze de papa) dirige un camp de prison qui dégueule de confédérés. Mais Amos n’est pas fait pour tenir une prison, non, non. Amos voit plus haut, Amos voit plus grand. Il veut voire du pays, galoper les cheveux aux vents, diriger des hommes aux combats. Il veut vivre la vie qu’il a toujours imaginé être la sienne. Alors quand une troupe d’Apache sanguinaire met à sac un fort, massacre soldats, femmes, enfants, va jusqu’à cramer un pendu tête en bas, et repart en emportant trois enfants mâles pour en faire des soldats, il n’hésite pas une seconde. Il rassemble une troupe constituée de bleues sans expériences, de prisonniers sudistes, de gardiens noirs volontaires et d’alcooliques attirés par la promesse d’un salaire. Pour diriger ces hommes et surtout ses bougres de confédérés, il s’appuie sur Benjamin Tyreen, allié et ennemie intime.
Un face à face entre ex-ami, des gueules cassées, des sales, des inadaptés, la mélancolie d’une période révolue, le bon vieux Sam livre un film de bonhomme qui annonce la puissance de ses œuvres futures. Les géniaux James Coburn et Warren Oates sont d’ailleurs déjà au rendez-vous.
La maîtrise de la mise en scène est là, les plans de porc aussi, le montage reste lui plus classique. Les scènes d’affrontements contre les Indiens et le face à face final contre les Français offre toutefois un petit aperçu de ce que deviendra son style caractéristique.
Avec ce Major Dundee, la légende Peckinpah se met en marche. Un scénario qui évolue à mesure que le tournage avance, les membres de l’équipe renvoyés à tours de bras, un passage à tabac dans un bordel mexicain, Charlton Heston qui se jette de rage sur le réalisateur, qui sauve ensuite le film en offrant son salaire quand les producteurs effrayés par les dépassements de budget veulent tout arrêter, pour un film qui sort finalement censuré, raccourci et remonté.
Malgré quelques longueurs, une fin rapidement expédié et des dialogues en Français frôlant le ridicule, le tout nous offre un Western couplé à un film d’aventure passionnant et envoûtant.