Oui, il existe de la science-fiction française hors Luc Besson au cinéma. Et oui, le cinéma apocalyptique français existe également. On peut même dire qu'il existait avant les deux premiers long-métrages de George Miller. La preuve avec La jetée (Chris Marker, 1962) ou Paris qui dort (René Clair, 1924). Confirmant l'héritage science-fictionnel français (après tout, La Planète des singes est un roman français), Malevil est l'adaptation très libre du livre de Robert Merle. Libre car il y a pas mal de changements, y compris sur le sort des personnages. Ce qui n'empêche pas Christian de Chalonge de signer un film post-apocalyptique intéressant l'année de Mad Max 2 (Miller, 1981).
Si chez Miller, on sort les motos, les camions et les voitures, ici on est plus à cheval et à la marche. Si dans Mad Max 2 on est déjà dans un monde ravagé et désertique, ici on est carrément dans l'après explosion nucléaire, à l'image de ce que l'on verra par la suite dans le téléfilm de Nicholas Meyer, Le jour d'après (1983). Les corps qui subissent le coup des radiations, le manque de nourriture (mais pas de picole, le décor principal étant un château avec une cave à vins), la vie entre survivants, puis la découverte de survivants bien moins aimables.
Le rythme de Malevil est peut-être très lent par moments, De Chalonge signant un film apocalyptique contemplatif, ce qui pourra rebuter certains. Ce qui veut dire également une action rare et un film qui va davantage miser sur l'ambiance. Ce qui n'est jamais un souci, d'autant que le film peut compter sur un casting solide, de Michel Serrault à Jacques Villeret simplet, en passant par Jean Louis Trintignant en leader aux méthodes extrêmes.
L'air de rien, le film avait connu un petit succès avec 1,4 million d'entrées, loin du bide du Terminus (Pierre-William Glenn, 1987) avec le roi de la boîte à coucou, sorti quelques années plus tard et plus proche de Miller. Au passage, une autre adaptation de Malevil a été réalisé en 2013, cette fois-ci pour la télévision, avec Anémone, Bernard Yerlès et Jean-Pierre Martins.