Je reste partagé devant ce long métrage.
D'un côté, je connais peu, voir aucun film français de science-fiction post-apocalyptique, ce qui attise la curiosité d'autant que le début impressionne, la photo crédibilise la désolation de cette contrée rasée, recouverte de cendres, à la recherche d'une survie précaire, l'interprétation, de Michel Serrault à Jean-Louis Trintignant en passant par Villeret ou Dutronc, assure et le spectateur entre dans l'histoire sans peine.
De l'autre, s'il paraissait illusoire d'égaler le style épuré mais riche de Robert Merle, conserver l'esprit du roman semblait un minimum. La cruciale mise à bas est expédiée, De Chalonge, modifiant le récit originel, délaisse l'idée de renouveau, l'optimisme réaliste du livre, la belle humanité et la complexité des personnages pour enfanter un conte dystopique froid et amer, pamphlet anti-totalitaire condamnant l'Homme à répéter son erreur fatale. La réponse brutale et grossière à l'interrogation fondamentale de l'écrivain sur la nature humaine avilie non seulement le roman mais également une grande partie de son œuvre. Je ne saisis pas l'opportunité de l'adaptation pour la frelater alors qu'il fut si simple de créer un scénario propre à étayer un discours.
Quoiqu'il en soit, l'infortuné n'ayant pas lu le livre disposera d'un film intéressant malgré quelques longueurs, les autres risquent, comme moi, un malheureux désappointement.