Les films de science-fiction français ne sont guère nombreux, et tout au plus on pourra saluer Luc Besson d'avoir fait ce qu’il a pu pour y contribuer. Mais Malevil ne prend pas le parti des vaisseaux spatiaux, mais celui du post-apo' en quittant les terres habituelles des villes abandonnées pour celui de la campagne.
Différents notables et d’autres personnes du village de Malevil se retrouvent dans la cave du maire pour évoquer le cas tout à fait commun de l'emplacement d'un lampadaire. Mais arrive une terrible explosion suivie d'une forte chaleur qui met tout le monde à genoux. Quand enfin il est possible de sortir voir ce qui s'est passé, c'est la désolation, des ruines balayées par les cendres. Une scène d'une intensité visuelle très forte, qui aura probablement beaucoup joué dans l'attribution du César des meilleurs décors et qui illustre la fin d'un monde, coupant aussi bien la chique aux personnages qu’au spectateur.
Une fois le choc passé, se pose la question de survivre et de ce que cela implique. Comment s'organiser, comment se nourrir, comment se soigner. En soi, le film est assez positif, l'humanité arrive toujours à trouver un moyen d'avancer, mais précise bien que le prix ne peut être que lourd. Malevil évoque la violence des rapports humains, ces regroupements en clans, les abus d'autorité ou bien l’égotisme ordinaire.
Une scène au milieu du film l'évoque bien, quand des miséreux se rapprochent de trop près du clan formé. La scène est forte, éminemment dramatique, aux conséquences sur le bout de la langue des personnages. Mais elle est gâchée par le fait que le film ne profite guère de cet effet, pour arriver directement à la deuxième partie du film qui se concentre sur un affrontement entre deux groupes organisés de rescapés, bien trop terre-à-terre et sans implications.
C'est hélas un des problèmes du film, qui se montre parfois décevant, qui semble hésiter à aller dans certaines directions. Le film est adapté du roman du même nom de Robert Merle qui l'a renié, considérant qu'il dénaturait son propos.
Christian Chalonge dans sa vision du film s'est entouré de solides acteurs, tels que Jean-Louis Trintignant, Jacques Dutronc, Michel Serrault, Jacques Villeret ou Robert Dhéry. Les trois derniers ayant habituellement les honneurs de rôles comiques, Michel Serrault avait joué l'année précédente dans la Cage aux folles. Quelques interprétations laissent à désirer, mais dans l'ensemble le tout se tient pour faire vivre au mieux ce contexte âpre.
Au delà de la curiosité, du « post-apo made in France » et même campagnard, Malevil est déconcertant, car il amorce trop de situations qu'il ne creusera pas. Mais ne serait-ce que sur le plan formel, sur le plan esthétique, c'est aussi un cadre et une ambiance qui élèvent le film, ce n'est pas de la simple série B. Le spectateur est happé dans cette ambiance, bien que malmené par les errements de son histoire.