Sans réelle profondeur et trop étirée, l’intrigue amoureuse absconse de Malgré la nuit ne captive pas. À voix basses, les quelques dialogues virent souvent aux soliloques. Pire, la narration dessert le cinéma expérimental de Philippe Grandrieux qui a certes toujours privilégié l’image (souvent crépusculaire) au récit (souvent nébuleux).
Ici, le cinéaste au style marqué joue sur la transparence et la superposition d’images pour verser dans un style clip-vidéo lors des passages musicaux. Sur les gros plans faciaux, le cinéaste travaille ses images en jouant alternativement sur le manque ou le trop plein de lumière. Mais dans Malgré la nuit, la relation explorée est celle du physique (beau ou laid, jeune ou vieux) au détriment de l’oralité et de la cérébralité.
Les protagonistes, en retrait, figurent trop systématiquement des individus-objets abjects dans des univers interlopes. Trop rare, l’expérience singulière attendue se niche dans le flou esthétique des images et se noie dans le flou narratif (qui est qui, qui fait quoi) d’une fiction à la durée excessive.