Côté technique, Malignant frise la perfection. Il faut reconnaître que James Wan est un virtuose dès qu'il s'agit de gérer les jeux de couleurs, les éclairages texturés et symboliquement forts ( à défaut d'être subtils ), les mouvements de caméra baroques et les prises de vues audacieuses.
Seulement voilà : si le ton et la technique sont là, les dix premières minutes semblent pêcher gravement par le rythme. Les scènes d'épouvante sont laborieuses et ne suscitent pas ou peu d'angoisse, et même les jumpscares, procédé stylistique si cher à notre réalisateur, tombent à l'eau. Comme venant compléter ce tableau médiocre, les acteurs et les dialogues, tous droits sortis d'un Giallo (et ce n'est pas un compliment), viennent faire sourire ou exaspérer par moments.
Pourtant le film vient distiller ça et là quelques idées intéressantes, lesquelles consistent principalement en des scènes choc, mais non superflues, car utiles pour définir les contours des personnages. Ces éclairs d'intelligence dans l'écriture maintiennent le spectateur devant un film qui s'avère d'autre part affreusement prévisible. Finalement, on se demande plus comment va être amené ce qu'on a deviné dès les premières minutes du film, que ce qui va se passer.
Malignant se promène ainsi sur la corde raide, suspendu au dessus du vide abyssal, et s'illustre principalement comme un divertissement honorifique relativement médiocre mais efficace (et à la réalisation extrêmement soignée, rappelons-le). Et soudain : c'est le drame.
On voyait déjà poindre dans ces pompeux travellings et cette mise en scène pleine de paillettes que James Wan avait franchi un cap artistique dans sa carrière. Mais c'est réellement lorsque le film vire au grand guignol le plus total, avec une scène de kung-fu d'une dizaine de minutes, ponctuée par un discours éminemment gnangnan sur la thématique de la famille, que l'on comprend. Il y a, dans la carrière de James Wan, un avant et un après Fast And Furious 7. Car c'est ce qu'est Malignant : un gros film de bourrin, avec du kung-fu, des courses poursuites, des fusillades, et des affaires de famille en veux-tu en voilà.
Il y a encore tant et tant de choses à ajouter. Je jette au passage l'esthétique et la musique hommage aux années 80 (ça fait bon ton depuis Stranger Things il faut croire), la thématique de la maladie mentale, traitée de la manière la plus vulgaire et dangereuse possible (je n'en tiens pas rigueur, en général Hollywood est à chier dans ce genre particulier d'exercice), des scènes de meurtres cartoonesques et un dénouement encore plus con que celui de Conjuring 2.
Bref, je suis sorti hilare de Malignant, et je suis persuadé que ça n'était pas le but de James Wan.