Souvent, les sorties cinéma estampillées “par les producteurs de…” sont à fuir, surtout dans le domaine du fantastique. Cette production de Guillermo del Toro semble faire figure d’exception, imprégnée des obsessions de celui qui a réalisé Le Labyrinthe de Pan et L’échine du diable. Mamá, plus qu’un simple film d’horreur, en devient une composition hybride, aux échos par moments féeriques. La photographie, la bande-son et les choix narratifs contribuent à rappeler régulièrement cette influence. Lorsque l’on s’y attarde, beaucoup de contes de fées relèvent finalement d’un registre horrifique : Le petit chaperon rouge, Hansel & Gretel, Blanche-Neige, etc.
C’est le court-métrage Mamá, tourné en une seule journée par Andrés Muschietti, qui attire l’attention de Guillermo del Toro. Déjà prometteur et parvenant à provoquer une forte impression en trois minutes seulement, il relate l’histoire de deux petites filles, Victoria et Lilly, tentant d’échapper à une monstrueuse figure maternelle les poursuivant à travers les sombres couloirs de leur demeure.
Inspiré, Muschietti agrémente son histoire originelle d’un background travaillé – presque du domaine de la légende, comme un conte – et de personnages sympathiques. Les petites actrices incarnant Victoria et Lilly sont naturelles et pleines de fraîcheur, tandis que Jessica Chastain (Take Shelter, The tree of life) se contente d’être efficace, abandonnant le charme de ses boucles rousses pour une apparence plus sobre sans affecter son jeu. Sobre mais déterminée, elle se distingue des nombreux personnages féminins insipides et bruyants peuplant les films du genre de nos jours, épaulée par un Nikolaj Coster-Waldau (Game of thrones) discret et attachant.
Certaines scènes sont attendues, mais le suspense opère assez facilement, délaissant la facilité des jump-scares pour des fragments parfois réellement effrayants, surtout lorsque la “créature” entre en scène. C’est d’ailleurs Javier Botet, marquant déjà les esprits en interprétant le fameux être étiolé et presque dénué d’humanité dans [REC], qui se charge du rôle, et insuffle à Mamá sa terrifiante musique corporelle.
L’on pourrait reprocher au dernier tiers du film d’emprunter une direction plus émotionnelle, légèrement différente du reste, mais celle-ci confère aussi son charme à l’ensemble, distinguant Mamá du paysage des films d’horreur sans saveur dans lequel il aurait pu facilement se perdre.