Thank You Very Much (ou presque)

J'en gardais un souvenir extrêmement ému, le revoir m'a légèrement laissé sur ma faim. Il faut dire que cela commençait fort : remarquable introduction, pleine d'humour et de dérision, donnant bien le ton quant au type d'humoriste qu'était Andy Kaufman. C'est toutefois ce qu'il y a de plus réussi du film, ce qui ne veut évidemment pas dire que le reste n'est pas bon, loin de là. D'ailleurs, pendant un bon moment j'ai pleinement adhéré : Milos Forman saisit brillamment la personnalité complexe et pour le moins déconcertante du comique, l'amenant à se livrer dans les endroits les plus insolites pour un résultat, disons-le, souvent assez pathétique.

C'est ça qui est intéressant : chercher l'immense talent du bonhomme au milieu de tous ces gags et représentations affligeantes : l'aspect incompris, sans doute en avance sur son temps, un « second degré » parfois poussé beaucoup trop loin... D'ailleurs, celui-ci n'est pas idéalisé : on montre bien à quel point, aussi attachant soit-il, il peut être difficile à vivre au quotidien, instable, en partie responsable des grandes difficultés qu'il a rencontrées durant sa (courte) vie. Dommage que Forman fasse parfois preuve d'un trop grand classicisme, n'arrivant pas à percer pleinement le « mystère Kaufman » : ce n'était pas le but ni forcément souhaitable, nous sommes d'accord.

Mais j'avoue qu'à la fin, je ne savais plus très bien quoi penser de ce personnage, ce qui, là encore, aurait pu être une belle qualité, mais sème plus le trouble qu'autre chose, notamment quant au réel potentiel du monsieur, la dernière partie m'ayant paru un peu longue, confirmant au passage cette impression légèrement bizarre. Heureusement, Jim Carrey s'investit corps et âme pour livrer une superbe prestation, bien entouré d'une belle galerie de seconds rôles (Danny DeVito et le presque débutant Paul Giamatti en tête). Bref, s'il m'a moins retourné qu'au premier visionnage, semant, à mon sens, un peu trop la confusion et restant souvent trop sage formellement, « Man on the Moon » reste un biopic étonnant sur une personnalité extrêmement riche : à défaut d'un grand, un vrai bon film.