Comment survivre quand il n'y a plus de raison d'exister...
Peu optimiste comme titre, mais difficile d'être jovial après avoir vu Manchester By the Sea, film du cineaste Kenneth Lonergan (scénariste de Gang Of New York, Mafia Blues entre autres), le genre de film qui peut vous foutre le cafard ou au contraire vous interroger sur la formidable faculté de résilience de la nature humaine à vous apporter de l'espoir quand il n'a plus lieu d'exister...
Le pitch ? Lee Chandler homme à tout faire vit miserablement à Boston. Un jour, un coup de telephone, son frere Joe malade du coeur fait une attaque malheureusement fatal. Lee se retrouve à devoir s'occuper des obseques et de son neveu de 16 ans Patrick. Un retour au source où Lee doit affronter son passé marquer d'une tragédie familiale, plaie inguérissable...Il devient le tuteur de Patrick via le testament de son frère, une situation qui bouleverse Lee tant par sa relation avec les autres, qu'il souhaitait inexistante mais affaibli face à ce neveu plein de vie et d'espoir et l'environnement qu'il voulait fuir...
Il serait facile de juger le film en concluant par : Lee retrouve l'espoir de vivre grâce à son neveu et ça serait chiant... Mais on outrepasserait le travail sur le réalisme et la mise en scène qui permet une inclinaison empathique incroyable vis à vis du personnage de Lee. Un rôle difficile car accrobatique et pour cela rien de mieux qu'un esthète accompli en l'occurence Casey Affleck révelé à travers son rôle de Jessy James ou encore dans Gone Baby Gone(déjà à Boston pour le local Casey).
Le Film suit une rythmique lente et à ce propos il serait tentant de le descendre.. mais parfois il fait bon de prendre du temps, car en s'ancrant dans le réel, le drame qui nous parait irreversible ne serait qu'incipide sans la teneur qu'en fait Kenneth Lonergan dans cette alchimie que seule l'art peut produire. Lee repart à Boston, vivra t il en paix ? Nul ne sait a la fin du film mais il ne se juge plus seul mais se sera bien sûr à lui de saisir cette chance...