Apprêtée et erratique, la première demi-heure de Manchester by the Sea n’est pas loin d’être catastrophique, mais pour qui sait patienter, ce troisième film de Kenneth Lonergan réserve par la suite des sommets d’émotion assez inattendus. On regrette de fait que le réalisateur n’ait pas souhaité être plus direct, et assumé immédiatement la charge de pathos qui pèse sur ses trois personnages principaux, interprétés par des acteurs éblouissants dans leur maniement du clair-obscur psychologique, fantômes mais humains after all. Manchester by the Sea culmine en son coeur par l’une des scènes les plus bouleversantes de l’année, sorte d’escalade en douceur vers l’horreur totale, bercée par l’inusable Adaggio d’Albinoni.