Après avoir transformé Jean Dujardin en tueur sosie de Terrence Malick et fan de daim, Quentin Dupieux nous présente Dominique. Si 2020 a été l'année de l'âne Patrick, 2021 sera probablement l'année de cette mouche devenue grande. Là encore elle ne parle pas, mais elle fait pas mal de choses et a un certain charme. D'autant que la marionnette fonctionne bien mieux que le robot requin de Jaws (ce qui veut dire qu'on la voit pas mal) et que même les quelques cgi sont bien intégrées. Elle signe même à elle seule une des meilleures scènes du film avec la conclusion cocasse qui va avec (le choix du "elle" dans la réplique prend tout son sens).
Mais Dominique n'est pas la seule attraction du film, bien aidé par le duo du Palmashow qui n'est plus là pour faire les guests comme chez Alain Chabat ou Albert Dupontel. On peut même dire que Dupieux réussit là où La folle histoire de Max et Léon (2016) a un brin échoué. Le film de Jonathan Barré exploitait à fond le duo, mais dans une aventure écrite comme une série de sketchs qui s'emboîtaient assez mal ensemble. Ici tout tient dans la réaction du duo dans des situations toutes plus absurdes et où leurs réactions le sont tout autant. Le duo fonctionne à l'écran, incarnant deux mecs à la dérive, assez intelligents pour se sortir des pires casseroles et pas assez pour ne pas passer pour deux superbes idiots par moments.
Mais que dire également des gens qui les entourent, souvent totalement crédules alors qu'ils se croient souvent plus fut fut que les successeurs d'Harry et Lloyd ? A l'image du personnage de Roméo Elvis, dont certaines scènes font curieusement échos avec des aspects bien réels (au point de se poser des questions), quand il ne s'embarque pas dans une discussion sans aucun sens sur la signification du check taureau (on n'est pas loin du niveau de gêne absurde de la scène Juste Leblanc du Dîner de cons).
Idem pour ce qui est du sort d'Adèle Exarchopoulos, l'actrice semblant bien s'amuser avec ce personnage cherchant l'attention d'amis qui vont bien lui rendre la monnaie de sa pièce. Un personnage seul contre tous entre deux intonations fortes. Au final, on se demande bien qui sont les plus beaux idiots du village.
Mandibules se révèle donc souvent aussi cruel que génialement absurde, à l'image du but de départ faisant passer le film pour un remake improbable du Transporteur (Leterrier, Yuen, 2002), avec le duo David Marsais / Grégoire Ludig en héritiers beaufs de Jason Statham et Dominique à la place de Shu Qi. Il y a même la règle initiale de ne pas voir ce qui est dans le coffre. Comme quoi, certaines idées de Luc Besson amènent parfois à de bon film... même s'il n'a rien à voir avec.