Bon. J'ai l'impression que parfois, le cinéma c'est un peu comme un genre de Casino : on joue du temps, espérant empocher le jackpot d'émotions et de plaisir, mais sur le long terme, c'est toujours la maison Déception qui gagne. Même quand on croit avoir trouvé une combine gagnante (ie un cinéaste qui nous parle), il faut savoir quitter la table avec sa mise à temps et ne pas trop insister... Ayant récemment apprécié Yannick (un 3 sur 3 en ce qui concerne mes expériences Dupieux), je me suis dit, pourquoi pas dans la foulée tenter Mandibules? Erreur, grossière erreur...
Parce que bon, avec ce 4, j'ai peut être l'air sévère, mais très franchement, vue de ma fenêtre, c'est une note Ô combien généreuse pour ce film. Oui, j'ai le sentiment d'avoir été généreux ici. Généreux par sympathie instinctive pour le père Quentin que j'aime bien. Généreux car j'ai une petite affection pour le Palmashow. Généreux car elle est quand même choupi Adèle Rastapopoulos...
Mais bon Dieu qu'est ce que j'ai eu du mal avec ce film. Que je l'ai trouvé mauvais, lourd, malaisant, pataud et sans la moindre fulgurance.
Même dans ses bonnes idées, je trouve qu'il se vautre totalement dans l'exécution. Prenons l'exemple du personnage de Agnès. Le coup de son handicap l'obligeant à gueuler comme un putois en permanence est à mes yeux l'une des rares bonnes idées comique de ce film. Seulement, voilà, vu que le personnage est une grosse casse-couilles qui passe son temps à râler, à engueuler et à attaquer tout le monde en permanence, bin l'effet tombe au final complètement à plat : il n'y a plus aucun effet de décalage comique dans sa façon de parler, puisque elle est constamment énervée et dans l'invective. On a juste un perso qui gueule sur tout le monde et il n'y a plus de décalage comique mais juste un perso qui devient relou et insupportable.
Les deux têtes d'affiches quant à elles sont rapidement imbuvables tant ils sont cons. Mais attention hein, pas "con-sympathique" hein. Nan, juste "atrocement-con". Et tant ils jouent mal également. Cette direction d'acteur est absolument horrible. Tout sonne forcé, sans âme et surtout archi archi archi répétitif ("C'est quoi ça?" "Bah j'sais pas..." "bah moi non plus..." "Bah alors on sait pas tout les deux alors..." "Bah ouais" "Du coup, on fais quoi?" "Bah j'sais pas moi" "Bin moi non plus en fait" "Ah... ok. Mais faudrait voir quand même non?" "Bah ouais..." "Du coup, tu vas voir?" "Qui moi?" "Bah ouais" "Pourquoi moi?" "Bin, je sais pas... pourquoi pas?" "Ah ouais, c'est pas faux... du coup, je vais voir?" "Bah ouais" "ok... du coup j'y vais..." "Bin vas y" "J'vais le faire" "Ok, j'tregarde" "Ca marche" "Ouais.".... Pfffffffffffffffffffff!!!!!!!)
La mouche?... Autant elle est bien faite, autant bin franchement, elle serait pas là que ça changerait pas grand chose au schmilblik en fait...
J'avais beaucoup aimé Réalité, d'abords parce que c'était assez neuf pour moi ce style de ciné et que niveau absurdité quasi onirique, il caressait le sublime (sans compter un Chabat nettement plus convainquant dans sa prestation que nos deux zouaves ici présents).
Pour Le Daim, j'avais aussi accroché, mais de manière moindre et uniquement à cause l'aspect "private Joke" que ce film revêtait pour moi : En effet, j'ai connu pour de vraiment dans ma vie, un mec qui tripait de ouf sur sa veste en Daim (à tel point que dans notre groupe de potes, on le surnomme encore aujourd'hui "le Daim"), du coup, c'était forcé que j'entre au moins un peu dans le délire.
Mais là, vu que je n'ai jamais recueilli de mouche géante, bin ça me parle de suite beaucoup moins. Et l'absurde que je trouvais touchant et envoutant dans Réalité, bin ici je le trouve juste factice. Ça ressemble plus à de banales incohérences qu'à un vrai parti pris artistique burné en fait (par exemple le fait qu'il faille absolument que la valise soit mise dans un coffre... ok... et?...).
Comme quoi, l'humour est un Art subtil et mystérieux, à plus fort raison l'humour absurde. Peut être que la ligne entre le génie et le pathétique ne se joue qu'à une petite intonation, une petite seconde de trop, une réplique excédentaire etc...
Bref, un film sur lequel j'ai été totalement hermétique et qui m'a bien plus fait souffler que pouffer. En même temps, vu la frénésie boulimique avec laquelle Dupieux sortait des films ces temps ci, il était fatal que certain soient foirés.