Et non, "Mandingo" n'est pas un biopic sur l'acteur éponyme de film pour adulte, connu pour ses imposantes mensurations. Ceci dit, les polissons ne seront qu'à moitié déçus, car "Mandingo" est un pur film d'exploitation situé dans le Sud esclavagiste, avec son lot de tortures, sexe, viols, et exécutions !
Parfois considéré comme une contraposée de "Gone With the Wind" (qui avait un approche nostalgique du vieux Sud), "Mandingo" est un brûlot dénonçant le cauchemar infernal de cette période... et pas seulement pour les Noirs. Oubliez le politiquement correct et les scénarios policés. Ici, tout le monde en prend pour son grade et personne ne semble récupérable ! Même ceux qui ont un peu de morale la voient craquelée par des failles béantes, à cause d'un système raciste implacable et cruel.
Sans compter la violence prononcée de l'ensemble, avec plusieurs séquences très osées (pas seulement visuellement). On ne va pas se mentir : on est parfois (souvent ?) à la limite du racolage, et l'intention des producteurs semble davantage être de choquer par le sang ou d'attirer par le sexe, et de se servir de l'esclavagisme comme prétexte pour cela, plutôt que de dénoncer celui-ci. Mais cela a le mérite de donner une œuvre tout à fait singulière, qui tacle violemment le racisme... et sera considérée à tort comme raciste par les critiques de l'époque (confusion entre les propos des personnages et ceux du film ?).
Il est vrai que "Mandingo" n'est pas esthétique, ce qui explique peut-être aussi son accueil critique froid. Des personnages suant parlant un anglais déformé très sommaire, avec un accent du Sud peu élégant (dont James Mason, pourtant connu pou sa diction britannique très éloquente !), et des visuels poisseux loin de la propreté d'un "Gone with the Wind". Mais s'il on met à part une photographie inégale (problèmes de montage ou de post-production ?), cette atmosphère peu réjouissante sied bien au message du film.
"Mandingo" est donc une œuvre violente et cinglante, traitant sans concession le racisme esclavagiste. Elle servira d'ailleurs d'inspiration pour le "Django Unchained" de Tarantino.