D’abord il faut dire que le dernier film de Christophe Honoré est très plaisant. Il nous promène aussi bien dans les rues de Paris, que celles de Rome ou de Livourne. On y traverse paisiblement les époques, de l’âge d’or du cinéma italien à aujourd’hui, au gré de raccords souvent étonnants, nous transportant d’une simple loge à un hôtel classieux au bord de la Mer Tyrrhénienne. Des déambulations tranquilles et charmantes, hommages au cinéma, qui savent rester légères malgré le sujet très sérieux : comment être soi tout en étant fille de ?
Et Marcello mio de jouer habilement des ressemblances. Celle de Chiara, bien sûr, avec son père Marcello, qui a frappé tout spectateur découvrant le visage de la fille dès ses débuts dans le cinéma, un visage sculpté dans le même marbre que l’acteur tant aimé. Il n’est pas besoin de beaucoup de maquillage, de beaucoup d’artifices pour que cette ressemblance saute aux yeux. Chiara Mastroianni se prête au jeu et porte le masque du père avec sensibilité et délicatesse, suscitant l’émotion. Avec sa silhouette fragile et ses yeux de biche, elle semble la première surprise d’un tel degré de similarité. Comme éblouie par les phares d’une voiture, le miroir tendu par la caméra semble générer chez elle autant de surprise que chez le spectateur. Confusion des identités, des sexes.
Là où Honoré me paraît louper le coche, et même si le parti pris est assumé jusque dans le titre, c’est quand il ne rend pas l’image de l’acteur à l’imaginaire collectif. Avec son choix de final décevant, il semble renfermer celle-ci à son appartenance filiale voire à un microcosme (que l’on sait très proche du cinéaste) qui renvoie stricto sensu au milieu fermé du cinéma. Comme j’aurais aimé voir des images de Marcello père se superposer à celles de sa fille, des images de ses films se mêler à celui qui se déroule sous nos yeux. Quel dommage de ne pas avoir bouclé la boucle sur, par exemple, la rencontre avec une dame âgée sur une plage romaine, qui aurait pu avoir été une jeune fille tentant de parler à l’inaccessible icône dans un ultime mouvement de vanité mondaine, si bien incarnée par lui dans La Dolce Vita.