Ceux qui auront vu les excellentes séries « Painkillers » de Peter Berg ou « Dopesick » de Danny Strong risquent d’avoir un fort sentiment de déjà-vu en plus d’être déçus. En effet, impossible de ne pas comparer ces deux séries avec ce film qui traite exactement du même sujet sur un angle sensiblement identique : la crise des opioïdes aux Etats-Unis et les magouilles des labos pharmaceutiques. Et le problème majeur de « Pain Hustlers » est qu’il apparaît conséquemment davantage comme une synthèse, certes plutôt correcte, de tous ces scandales sanitaires et des deux programmes cités plus haut que comme un traitement de fond sous tous les angles. Le film survole donc le sujet plus qu’il ne l’approfondit. En revanche mais cela reste difficile à dire, peut-être que ceux découvrant le sujet y trouveront plus leur compte.
En l’état, « Pain Hustlers » peut compter sur sa tête d’affiche, Emily Blunt, toujours exceptionnelle, qui donne corps et vie de belle manière à un personnage bien écrit et assez nuancé. Même si elle va passer de l’euphorie au repentir de manière peut-être un peu trop brutale, format long-métrage oblige. Elle est le cœur du film. Chris Evans ne démérite pas et prouve encore une fois qu’il sait incarner autre chose qu’un super-héros Marvel. Catherine O’Hara et Andy Garcia sont également de redoutables seconds couteaux. Un casting riche et bien employé qui n’empêche cependant pas ce sentiment de redite. David Yates, connu pour avoir repris en main et pas toujours de la meilleure façon sur la saga « Harry Potter » puis celle affiliée des « Animaux fantastiques », n’aide pas. Sa mise en scène censée être punchy recycle peu ou prou ce que Peter Berg a fait pour « Painkillers » en moins percutant et lorgne aussi sur les plates-bandes du Adam McKay de « The Big Short » ou du génial « Don’t look up ». En gros, un ton sarcastique qui moque, quant à lui, un peu trop gentiment les tenants et les aboutissants de cette affaire ainsi que ces participants.
Ce schéma typique maintes fois vu au cinéma qui narre l’ascension puis la chute d’un personnage ou d’une idée est attendu et peu surprenant. On s’attend à la conclusion et la démonstration est bien moins impactante que dans bien d’autres œuvres. Plus chronique pince-sans-rire que véritable film d’investigation à la « Erin Brockovich » ou « Spotlight », ce « Pain Hustlers » demeure bien trop gentillet et oublie de traiter comme il le faudrait certains aspects de cette histoire vraie. On pense notamment à la vision des victimes que les séries citées plus haut avaient eu le temps de creuser. Par là même, ce sujet grave est totalement dépourvu d’émotion tandis que la charge contre les labos et ceux qui les ont fait s’engraisser apparaît bien gentille. Pourtant, le film se regarde avec plaisir comme si c’était un résumé simplifié mais compréhensible et bien exécuté de cette fameuse crise des opioïdes.
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