L’actrice et désormais réalisatrice Aïssa Maïga s’est intéressée aux conséquences du réchauffement climatique et de l’exode rural qui en découle (à peu de chose près, c’est plus ou moins les mêmes conséquences déjà racontées à travers le documentaire d’Olivier Zuchuat avec Le Périmètre de Kamsé - 2021).
Marcher sur l'eau (2021) nous entraîne en plein cœur du village de Tatiste, dans la région de l’Azawagh, située à 15 heures de route de Niamey (la capitale du Niger). L’accès à l’eau s’avère de plus en plus préoccupant puisque le Niger, pays semi-désertique au cœur de l’Afrique subsaharienne, est frappé de plein fouet par les sécheresses à répétition. Si bien que les populations locales sont contraintes de fuirent ces régions pour subvenir à leurs besoins ou tout simplement pour nourrir leurs troupeaux. En étroite collaboration avec l’ONG Amman Imman, les habitants de ces régions se battent pour tenter de faire face à cette situation de plus en plus inextricable.
Le film s’intéresse donc à ce village perdu au milieu de nulle part et dont la population se bat corps et âmes auprès de leur préfet pour obtenir la construction d’un nouveau forage qui leur permettrait d’éviter de devoir chaque jour parcourir durant des heures, d’innombrables kilomètres à pied ou à dos d’âne sous une chaleur accablante pour obtenir de l’eau auprès d’un puits qui, une fois sur deux, est à sec.
Le souci majeur ici c’est qu’en l’absence d’eau, les adultes se retrouvent contraint de quitter leurs familles pour tenter de trouver des ressources nécessaires à leur survie, pendant que leurs enfants restent au village et se chargent du ravitaillement en eau, avec pour conséquence, de ne pas pouvoir aller à l’école. C’est justement pour leur éviter de rater leur scolarité pour subvenir aux besoins de leurs familles que l’ONG se bat à leurs côtés pour leur offrir une vie meilleure.
A travers un tournage étalé sur plusieurs années et mis bout à bout au fil des saisons, le film nous offre de jolis portraits, notamment Houlaye, une adolescente de 14 ans qui doit s’occuper de ses petits frères en l’absence de ses parents (son père s’absente plusieurs semaines pour son bétail et sa mère part plusieurs mois pour aller vendre des médicaments qu’elle fabrique elle-même).
A la manière d’un Depardon ou d’un Wiseman, Aïssa Maïga filme ces familles et ces enfants qui se battent chaque jour pour subvenir à leurs besoins, entre la scolarité et l’approvisionnement en eau. Dénué d’une quelconque voix off ou diverses digressions écolo-environnementale, la réalisatrice nous immisce dans leur vie quotidienne et dresse le terrible constat alarmant des conséquences du réchauffement climatique sur ces populations.
► http://bit.ly/CinephileNostalGeek ★ http://twitter.com/B_Renger ◄