Tourné dans un décor quasi-unique et donnant la part belle aux dialogues, « Margin Call » séduit à plusieurs égards. D'abord son propos : le réalisateur assure avoir voulu rester neutre, difficile de ne pas être terrifié par un milieu aussi cynique, quasiment dénué d'humanité, où le seul et unique mot acceptable serait « profit ». Cette ambiance électrique est rendu possible par une galerie de personnages dans le meilleur des cas lâches, dans le pire totalement abjects, subissant quelque peu les événements tout en ayant recours aux méthodes les plus brutales pour les affronter.
J.C. Chandor trouve toutefois le moyen de les rendre intéressants, chacun ayant une épaisseur, une scène minimum pour exposer son point de vue, aussi détestable soit-il (et Dieu sait si cela ne manque pas). En définitive, ni exubérance ni morale, juste un récit glaçant sur le pouvoir de la finance aujourd'hui, porté par une pléiade d'acteurs impeccables (Kevin Spacey, Zachary Quinto, Jeremy Irons, Demi Moore, Simon Baker, Paul Bettany ou encore Stanley Tucci : ça calme!) et une réalisation au cordeau : une première œuvre très prometteuse.