Après une représentation à l'opéra, le docteur Faust se fait extorquer son âme par le diable en échange de la jeunesse. Situé dans la filmographie d'Autant-Lara entre Le rouge et le noir et La traversée de Paris, Marguerite de la nuit est une des rares tentatives françaises d'illustrer le genre fantastique. Pas sûr que l'anticonformiste et grinçant cinéaste soit vraiment dans son élément, moins qu'un René Clair (La beauté du diable), par exemple. Cette adaptation du mythe de Faust, revisitée au temps des années folles, avec un diable boiteux et philosophe pour guide est assez souvent ennuyeuse avec des scènes superfétatoires et des dialogues sans éclat. L'interprétation est également problématique : si Yves Montand tient bien son rôle de Méphisto, avec componction, Michèle Morgan (trop âgée ?) ne possède pas toutes les nuances que réclame son personnage et le couple qu'elle forme avec l'atroce jeune premier Jean-François Calvé n'est pas crédible une seconde. Néanmoins, on peut occasionnellement goûter la poésie âcre de ce conte pessimiste et surtout admirer les décors flamboyants et la lumière splendide. Et accorder finalement à ce film en grande partie raté un début d'indulgence.