Le titre de ce joli petit film, qui ne paye peut-être pas de mine de prime abord, est en effet on ne peut plus approprié. On a donc un personnage de femme, une madame tout le monde qui donne son prénom, Maria, au film. Et avec elle une romance dans un endroit on ne peut plus indiqué pour cela : l’École des Beaux-Arts de Paris. Un endroit marqué et marquant en plus d’être peu vu sur le grand écran et qui sert d’écrin à ce portrait de femme effacée qui va s’émanciper grâce à l’amour. « Maria rêve » donc et nous avec et c’est l’une des réussites de ce premier film que de nous faire effectivement nous évader durant une heure et demie grâce à son beau personnage principal, à sa romance délicate, à ses petites touches oniriques et à son décorum baigné dans les œuvres d’art de toute époque, octroyant une identité visuelle singulière au long-métrage.


Réalisé à quatre mains par un duo de réalisateurs mixtes et supposément complice, « Maria rêve » ne nous marque pas par sa mise en scène assez scolaire et illustrative mais plutôt par ce qui se trouve dans le cadre. Et là, c’est souvent l’enchantement voire même du grand plaisir, presque en apesanteur, grâce à quelques fulgurances visuelles et trouvailles malignes au sein de cette école qui laisse libre court à l’imagination. Les œuvres des élèves vont être un moteur dans la relation que Maria, discrète femme de ménage, et le gardien de l’école vont tisser par petites touches. Le déroulé narratif de leur histoire d’amour est calqué sur n’importe quelle autre comédie sentimentale, peu importe sa tonalité ou sa nationalité, car ce genre est l’un des plus codifiés au cinéma. Il n’empêche, entre tous ces passages obligés dans l’évolution d’une rencontre amoureuse au cinéma, le charme opère par le biais d’une foultitude de petits détails. Une danse du ménage retranscrite en ombres virtuelles, un balai littéralement coincé dans une œuvre d’art moderne, des scènes où l’on pose nu avec timidité puis assurance ou une danse improvisée entre personnel de ménage, tous ces moments simples et beaux fonctionnent et participent au plaisir que l’on a devant « Maria rêve ».


Bien sûr, pour que cela fonctionne complètement et nous emporte dans son sillage, il fallait que le couple au centre du film soit attachant. Non seulement il l’est mais en plus il déborde de complicité et leur association est résonne presque comme une évidence. Si Karin Viard est encore une fois impeccable (comme toujours on a presque envie de dire), Grégory Gadebois nous montre une nouvelle facette de son talent, moins bourrue et plus délicate. Entre eux, Noée Abita et Philippe Uchan sont des seconds rôles solides. On sourit beaucoup devant les maladresses de Maria mais elle nous touche aussi par sa naïveté et sa candeur. On a envie que leur couple fonctionne et son émancipation, sa recherche du bonheur et son accomplissement personnel, elle les partage admirablement avec nous. Un bien joli petit film, simple et mignon comme tout, dans un lieu qui met parfaitement en valeur une histoire comme celle-ci.


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 6 oct. 2022

Critique lue 736 fois

5 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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5

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