Ironiquement (et de façon tout à fait involontaire), j'ai vu « La Favorite » une journée avant « Marie Stuart, Reine d’Écosse », ce qui m'a permis d'observer une sacrée différence entre les deux œuvres. D'accord, il y a 150 ans d'écart entre les événements, mais cela n'empêche nullement la façon de voir à quel point le traitement de l'Histoire d'Angleterre y est différent, clairement aux dépens de ce dernier. Cette impression est particulièrement criante dans la première partie : c'est mou, sans réelle conviction, très linéaire : on sent le travail appliqué mais sans la moindre audace, l'absence de décors réellement imposants m'ayant empêché de m'immerger autant que je l'aurais souhaité.
J'avais l'impression de faire du surplace, qu'aucune dynamique ne venait bousculer le récit, désespérément sage. Heureusement, cette impression évolue (un peu) par la suite : les enjeux, les événements sont plus concrets et surtout, on révèle « l'humain », souvent sous sa pire forme. Car derrière le récit historique, c'est clairement de ça qu'il est question ici : la corruption des hommes, leur soumission aux plus forts, leur absence totale de dignité lors de vents contraires (tiens, ça me rappelle certains politiques français) : bref, un sacré panier de crabes que Josie Rourke nous montre avec talent et sans concession, tout comme la violence découlant de ces guerres de religion ayant fait infiniment plus de mal que de bien.
Ce n'est clairement pas un film d'aventures, la réalisatrice privilégiant clairement les personnages, les dialogues, la musique : cela pouvait se défendre, encore aurait-il fallu créer une réelle osmose pour éviter un ennui parfois réel. Interprétation de qualité (casting (majoritairement) britannique oblige), Saoirse Ronan composant une Marie Stuart parfois mal avisée mais courageuse, Margot Robbie, clairement en retrait, s'en sortant avec les honneurs malgré un maquillage chargé. Au moins aurais-je appris des choses : c'était aussi le but et là-dessus, l'œuvre est suffisamment précise et documentée pour qu'on y trouve son compte, car niveau plaisir, c'est autre chose. Sentiment mitigé, donc.