Marina a en commun avec Sœur Sourire (autre film de Coninx) le thème du tube rétro, une star à l'ancienne, des parents frustrés, et un scénario qui a du mal à aller à l'essentiel. Entre les fioritures et ce qui fait vraiment avancer l'histoire, la distinction est difficile et il restera beaucoup d'allusions mal dégrossies qui ne déboucheront sur rien, notamment autour du personnage du père, qui se trouve en porte-à-faux constant entre son échec à donner une meilleure vie à sa famille et l'espoir que ses enfants s'en sortiront mieux. Brillante pourtant, la figure paternelle ne sera jamais tout à fait résolue.
Le fils, lui aussi, met longtemps à émerger du gloubi-boulga xénophobe auquel sa famille est sujette. La famille est italienne, le pays est la Belgique, et le fils en question est Rocco Granata, qui sera mondialement connu pour sa chanson Marina quand il aura vaincu le rejet paternel et celui du racisme.
Cette victoire de la juste cause est ce sur quoi Coninx s'est concentré, et l'attente en vaut la peine, tout comme cela en valait la peine que Matteo Simoni apprenne le dialecte calabrais de son personnage (par contre, sa voix rauque qui va et vient d'une scène à l'autre, je n'ai pas compris). L'immersion musicale fonctionne bien, et c'est un vrai château de cartes qui tient le coup autour d'elle : l'injustice sociale, la position des parents, le charme pittoresque et surrané de personnages bien écrits, la multiplicité des sujets... Impossible d'omettre que Coninx arrive à justifier le contraste un peu forcé entre la joyeuse Calabre natale et la Belgique minière en donnant à l'intégration de la famille un fabuleux air d'aventure et de constante découverte qui ne sera pas arrêté par la pauvreté, ni l'exclusion, ni un climat moins gai. C'est bien un récit riche et satisfaisant qui nous remet dans le contexte d'un succès d'un autre temps.