Six ans après le somptueux "Laura", Otto Preminger renoue avec son couple de têtes d'affiche prestigieuses (Dana Andrews et Gene Tierney) pour un nouveau film noir.
"Where the Sidewalk Ends" s'avère toutefois moins mémorable que son illustre prédécesseur, en raison notamment d'une intrigue moins captivante et plus linéaire.
Ainsi, la première fois que je l'ai vu, j'avais été déçu par ce scénario sans mystère et sans grande surprise. Depuis, j'ai revu mon appréciation à la hausse, ayant appris à tenir compte d'autres caractéristiques, telles que le dilemme moral vécu par le héros dans la seconde moitié.
Incarné par Dana Andrews, Mark Dixon est un flic violent au passé que l'on devine trouble, sévèrement mis en garde par sa hiérarchie en raison de sa propension à cogner les truands.
Peu après, amené à enquêter sur une affaire impliquant le cruel gangster Scalise (Gary Merrill), Dixon se montre incapable de maîtriser ses vieux démons...
Dans le même temps, notre flic fait la rencontre de la charmante Morgan (Gene Tierney, lumineuse), jeune femme douce et indépendante, modèle à ses heures perdues, et accessoirement fille d'un brave homme accusé à tort...
Formellement, "Where the Sidewalk Ends" est une belle réussite, le noir et blanc de Joseph LaShelle sublimant la mise en scène inspirée de Preminger.
Cette atmosphère de film noir est accentuée par le choix de décors typés : ruelles new yorkaises mal famées, petits meublés, hôtels louches, bains turcs, salle de repos du commissariat...
On appréciera également la galerie de seconds rôles pittoresques (à l'image de la patronne du petit restau fréquenté par Dixon), même si la plupart restent un peu sous-exploités.
En revanche, le dénouement très statique, en forme de semi happy end, ne m'aura pas convaincu : il me semble qu'une fin tragique eut été plus marquante et plus appropriée.
En l'état, "Mark Dixon, détective" s'apparente à un sympathique divertissement.