Sortie en début d'année 2016, Marseille s'est ramassé tous les préjugés un peu ridicules que j'ai pu lui associer : comédie franchouillarde bas de plafond et déjà vue avec Kad Merad, stéréotypes à la pelle, réalisation basique... Autant d'idées potentiellement fausses que potentiellement vraies. Et 8 mois plus tard, je vois enfin le film. Non pas que j'ai été hype d'une quelconque façon, mais j'avais du temps à tuer et de la place sur mon disque dur. Donc, pourquoi pas ?
Kad Merad joue Paolo, un marseillais ayant quitté la cité phocéenne pour des raisons quelconques et vivant désormais au Canada avec son fils, Sam. Un jour, son frère, Joseph, joué par Patrick Bosso, l'appelle pour lui dire que leur père, Giovanni Amato (Venantino Venantini), est à l'hôpital suite à un accident de scooter. Prétendant une vie ne tenant qu'à un fil, Joseph parvient à convaincre son frère de revenir dans sa ville natale, Marseille. Et alors que Paolo est, au premier abord, réticent à rester, rapidement il se rend compte que Marseille n'est pas la ville qu'il croit.
Et ce film me dérange. Non pas qu'il soit nul, moyen au mieux, mais ce film me dérange. Expliquons, et pour cela démarrons par les points négatifs. Premièrement, nous avons de gros soucis de montages. Trop cut, parfois pas assez, j'ai surtout ressenti ça durant les scènes de dialogues, les rendant assez brouillonne ou même gênante, car n'oublions pas qu'une réplique un peu limite (je vais y revenir) + une ou deux secondes de trop = gêne. Mais vu que je n'ai relevé ça que pour les dialogues, normalement cela doit être bon pour le reste du film.
Ensuite, on a quelque chose que je n'aurais jamais cru venant de Marseille : le film est trop court. Ou plutôt, il est trop court pour ce qu'il raconte. C'est simple, de tête, nous avons 5 ou 6 intrigues - annexes ou principales - pour 1h30 de film, en sachant que l'intrigue principale est la seule à avoir une conclusion qui a pris le temps d'arriver, que les autres sont finies à la zob, voir même pas du tout finies pour l'une d'entre elles ! Surtout que, bon, l'intrigue amoureuse à deux balles, merci mais non merci, on la connaît, et c'est pas parce que vous mettez un petit jeu relationnelle, une "tension" entre Kad Merad et Judith El Zein que vous avez une bonne intrigue amoureuse ! Elle manque clairement et de développement, et de cohérence, car elle sort un peu de nulle part, apparaissant comme par magie à un moment de l'intrigue, et le spectateur de dire "OK film, qu'est-ce tu fous ?" Côté scénario, c'est assez prévisible, et j'irais même jusqu'à dire convenu. Et le métrage manie ce que j'appellerais le "fusil de Tchekov premier prix". C'est à dire que pendant tout le film, on te pose des éléments un peu partout, genre le fait que le travail de Joseph peut rendre malade, ou bien que celui de Paolo consiste à projeter des trucs sur d'autres trucs, pour finalement les réutiliser à la fin. Alors oui, c'est sympa, ça amuse le scénariste, et tout, mais à quoi ça sert ? D'autant plus que si on prend la maladie de Joseph, ça ne fait pas avancer l'intrigue, le pactole du grand père non plus, et que plus de la moitié des éléments introduits dans le film servent juste à apporter un semblant de cohérence au final, alors que les informations basiques remplissaient parfaitement ce rôle.
Mais à part ça, on se retrouve avec une réalisation assez intéressante, qui joue beaucoup avec les grands espaces. Ça ne mène à rien, contrairement à un Comment C'est Loin, par exemple, mais cela apporte quelques plans sympathiques et plutôt beaux comme ces différents "plans en drone", si j'ose dire, au dessus de Marseille qui sont de toute beauté. Les acteurs jouent assez bien, et j'ai étrangement ressenti une sorte d'authenticité touchante dans leur jeu, sauf pour Judith El Zein, elle, je sais pas. Y a un truc qui cloche. Et puis quelques vannes m'ont fait rire, parce que oui, j'aime bien les clichés.
Et justement, voilà pourquoi le film me dérange ! Je ne comprends pas ce que j'ai ressenti devant ! Il a tout pour que je l'ignore, pour être un divertissement maladroit et quelconque, mais au final, je ressens une certaine sympathie pour l'histoire qui m'est racontée et les personnages qu'on y trouve. Est-ce que cela en fait un film culte à mes yeux ? Clairement pas, il est et restera cette comédie dramatique franchouillarde qui recèle quelques bonnes idées mais pas assez pour marquer son époque. Mais contrairement à Retour Chez Ma Mère, sorti la même année, le tout ne m'a pas laissé de marbre, je n'étais pas en oseferie totale devant le métrage. Donc Marseille, c'est un film maladroit, un film bourré de clichés, un film parfois intéressant mais pas trop qui plaira surtout aux gens qui ne se prennent pas la tête au cinéma ou devant leur télé, mais c'est aussi des personnages au final assez attachants, une sincérité quasi palpable, ainsi qu'une sympathie et une bonne humeur communicative qui font, qu'au final, j'ai plutôt bien aimé. C'était pas la claque du siècle, c'était pas la déception de l'année, mais c'est allé au delà de son simple statut de comédie française hebdomadaire quelconque, et c'est déjà bien.