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http://youtu.be/Vch56TOkRlE


Je vais devoir me dévoiler un peu afin que cette critique soit la plus honnête et la plus objective possible. Alors voilà, j'avais repéré ce "Martha..." lors du dernier festival de Cannes, ayant toujours un œil assez attentif sur les sections parallèles, d'où émergent souvent des films plus étonnants et novateurs que ceux de la sélection officielle. Puis je l'ai retrouvé sur ma route en m'intéressant, comme je le fais habituellement, aux divers festivals de films indépendants. Ma curiosité était de plus en plus titillée et je surveillais de près une sortie éventuelle dans nos salles françaises. A part ces raisons objectives (et assez habituelles à vrai dire), mon envie de voir ce film était anormalement grande, et pour preuve, je me suis précipité le jour de sa sortie, chose que je réserve habituellement à mes "rois de cinéma", à un Malick par exemple. Et là, au milieu de la projection, j'ai pris un uppercut dans le ventre, mes tripes se sont renversées. Sur l'écran, un des personnages s'empare d'une guitare et se fend d'une reprise * de l'artiste (et de l'homme) qui me bouleverse le plus au monde, Jackson C. Frank (1), sombre chanteur folk au destin fracassé. A cette minute, j'ai compris ce qui m'avait mené à ce film, et étant une personne pour le moins rationnelle, je n'ai pas trop compris ce qui m'arrivait. Et quand le générique de fin démarre, deuxième décharge émotionnelle, avec un autre des morceaux de Frank que je préfère par-dessus tout, "Marlene" ( http://youtu.be/FB8N3zOpMi4 ).


Voilà, je vais tenter à présent de m'en tenir à une critique purement cinématographique, mais je me devais de raconter cette expérience afin que vous compreniez que mon avis ne sera forcément pas totalement objectif.


Voilà donc un film immédiatement envoutant et malaisant, doux en surface et rugueux dans ses entrailles, comme un bon morceau de folk (on y revient). Il utilise afin de nous faire mesurer l'horreur du passé de sa Martha (éblouissante Elizabeth Olsen qui devrait faire parler d'elle) les ressorts d'un Haneke (une violence "anti-glamour" rare mais glaçante) aussi bien que d'un certain cinéma des 70's (on pense forcément au Polanski du "Locataire" ou de "Rosemary's Baby") qui nous amenait aux frontières du fantastique sans jamais y demeurer véritablement.


Le cinéma indépendant US (qui semblait s'être perdu en route pendant une bonne décennie) confirme ici (après l'excellent "Winter's Bone" (2) l'an dernier) être à nouveau le reflet de notre société, et en l'espèce ce n'est pas rassurant.


En cela, ce film est profondément politique et met le doit sur l'état de chaos dans lequel nous vivons, il est comme une plaie béante pas prête de se refermer. Point de salut pour son héroïne ni pour le spectateur...


NB : J'aurais trouvé normal que ce film soit interdit au moins de 12 ans au lieu du simple avertissement qui lui est alloué.



(1) http://www.senscritique.com/album/Jackson_C_Frank/critique/17195970
(2) http://www.senscritique.com/film/Winter_s_Bone/critique/7016991

takeshi29
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le 29 févr. 2012

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takeshi29

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