Le 27 décembre 1968, à l'âge de 29 ans, Camilo Bellocchio se suicide. 50 ans plus tard, sa famille se réunit au grand complet, dont ses 3 frères et ses deux sœurs survivants. Parmi eux, le frère jumeau de Camilo, Marco Bellocchio, le célèbre réalisateur de Vincere, entreprend une enquête auprès de ses proches pour démêler enfin le vrai du faux concernant cette tragédie. Marx peut attendre est un documentaire intime qui enregistre les témoignages des frères et sœurs du cinéaste, montre des films et des photos tirés des archives familiales et évoque en images les principaux événements ayant marqué l'Italie de 1939 à1968. Le film est passionnant par au moins deux aspects, pour les connaisseurs de l’œuvre de Bellocchio mais pas eux seulement : des extraits de plusieurs films du réalisateur, liés peu ou prou à sa vie, des Poings dans les poches au Sourire de ma mère, en passant par Le Saut dans le vide et Les yeux, la bouche ; la personnalité profonde de Camilo, seul membre de la fratrie qui n'a pas trouvé sa voie et ne s'est pas engagé comme Marco dans le militantisme rageur des années 60, avec un âme marquée par la mélancolie et la dépression. Ce que les autres membres de la famille n'ont pas su voir, issus d'un environnement religieux pesant et d'abord préoccupés par leur propre sort. Sortant d'une sorte de déni consensuel, qui cachait un sentiment de culpabilité vivace, même un demi-siècle plus tard, Marx peut attendre se déploie comme un exercice cathartique touchant qui refuse les larmes tardives, s'autorise l'humour et porte enfin sur un deuil inconsolé, une lucidité que l'on espère enfin apaisée.