J’avais tellement aimé « Les Garçons et Guillaume, à table ! », j’étais vraiment prête à succomber à « Maryline ». L’histoire, classique, est celle d’une petite provinciale qui se prend la réalité en pleine face, entre réalisateur hystérique, casting humiliant, minuscules rôles, découragement, et lorsque l’opportunité de percer se présente enfin, ces mots qui restent coincés dans la gorge. Ce sujet de la parole qui manque et de la difficulté à trouver sa place ne pouvait que me parler. Pourtant, à aucun moment je n’ai été touchée par cette jeune fille qu’on n’arrive jamais à cerner : est-elle si paumée qu’elle en a l’air, est-elle si naïve alors qu’elle n’hésite pas à l’occasion à faire preuve de grand caractère, est-elle empotée ou très maline, aguicheuse ou innocente ? au final, est-elle simplement mauvaise comédienne ou une authentique graine de star ? Il semblerait que le message final soit : la grâce passera par le théâtre où il n’y a que des gens bienveillants, et surtout pas par le cinéma, ce grand manipulateur. Pourquoi pas.
Au-delà du personnage, on ne sait jamais ce que le réalisateur veut nous raconter : l’histoire d’une jeune femme trop fragile, celle d’une déchéance alcoolisée ? Tout ceci manque cruellement de cohérence.
Quelques passages sont si beaux pourtant, comme cette rencontre avec une Vanessa Paradis plus Jeanne Moreau que jamais, celle avec un extraordinaire Xavier Beauvois, enfin cette ultime scène de restaurant sur une reprise de Léo Ferré qui arrache les larmes. Mais comme je le regrette Maryline, tes grands yeux timides ne m’ont pas émue.