Il est rare de pouvoir trouver des exemples qui permettent de comprendre des applications de tutoriels pour réaliser des films. Alors allons-y, et voyons comment produire : "un film voué à l'échec qui sera satisfaisant".


Prendre une licence culte qui a fait ses preuves : en effet, TCM n'est plus à présenter. Hypée d'une aura de film culte transgressif, la saga contient des suites qui ont leurs fans (le 2 et le 3), quelques navets anecdotiques (TCM 3D, Next generation, Leatherface 2017), et chose plus rare et plus intéressante : une vague de 2 remakes très appréciés. Si the beginning est parfois (injustement) critiqué, la digestion de Marcus Nispel est très intéressante, car elle témoigne d'une digestion moderne de ce que le concept de TCM laisse infuser. Il ne s'agit pas de boucherie, mais d'ambiance. Un énorme travail d'ambiance passant par les personnages, le climat étouffant, l'esthétique de la décrépitude, ect... Les personnages et l'humour y jouaient un rôle non négligeable. Prendre tout ça... et le foutre à la poubelle. On garde le concept, mais la surprise sera surtout de découvrir comment on organise une suite (comme on annonce revenir aux sources). Dans l'idée, on se fout de rassurer les fans, on cherche à créer le buzz avec une licence connue. Il faut juste maintenant réussir à faire du fan service avec les contraintes de production. Vous dites ? Des bobos ? De la diversité ? Des rednecks blancs suprémacistes ?


Prendre les attentes à rebrousse poil : le cahier des charges veut des personnages inclusifs. Mais ces personnages inclusifs, ils excluent les fans de TCM, qui apprécient plutôt l'aspect réactionnaire du personnage. Le concept : faire des bobos les personnages centraux ET les victimes de leatherface. Ca permet de meubler une longue introduction avec des personnages antipathiques qui peuvent trouver un écho dans nos générations modernes (qui sait ?), mais on joue la carte du jouissif quand leatherface les débitera à la pétroleuse. Ca, c'est un postulat intelligent qui permet de concilier deux points de vues irréconciliables. Mais ça vous donne une intro longue comme le bras et des personnages qui ne sont pas attachants. C'est un peu embêtant, dans un survival où l'enjeu est principalement la survie de ces mêmes personnages sensés nous intéresser.


Un symbole qui résume tout : La survivante de TCM. Qu'est-ce qui était bien dans Terminator Dark Fate ? Qu'est-ce qui était bien dans Halloween 2018 ? Il nous faut une figure de femme forte. Un truc qui capitalise sur la licence et qui annonce un match retour. LE truc qui justifie la suite. Elle est là, elle se chauffe, elle a un gros calibre. Elle se retrouve en face de Leatherface. Et elle discute avec lui, en lui demandant de parler. Lui, il a pas dit un mot depuis 1975, il ne va pas commencer maintenant. Alors il se casse. Elle se réveille et se met à tirer après 5 minutes de redémarrage. Leatherface disparaît derrière un mur, puis la bute. C'est bien d'avoir un concept badass, encore faut-il savoir quoi en faire.


Tripaiiiiiiiiiiilllllllllle : Pas très positif comme bilan... Comment faire passer la pilule ? Du gooooore ! Une surenchère à ce niveau, et oui, c'est satisfaisant. La scène du bus en devient clairement un point central du film, et autant le reconnaître, ça soulage. Une bonne faciale sanguignolante, sans mauvais jeu de mot, c'est toujours satisfaisant à défaut d'être mémorable.


Un final paresseux, mais avec une fulgurance : il s'agit là d'un des finals les plus interminables que j'ai vu dans un slasher. Sincèrement, on est au niveau d'un halloween 5. Une fille fait un truc, elle se fait rétamer, mais le coup de grâce est interrompu par une autre fille, et ça prend le relais pendant 10 minutes comme ça. Avec des ralentis. Et des flash backs. Et une fin qui se veut badass mais en fait c'est minable. Et alors qu'on allait se quitter sur une fin minable, BOOOM ! Nouvelle faciale ! Sans mauvais goût, j'aime bien les faciales, mais ça finit par faire mal aux yeux. Elle est bien, cette scène, tout le monde a rigolé et on est content de se quitter sur un truc nerveux. Mais quand même, 10 minutes de merde pour 15 secondes d'extase...


David Goodenough : Boarf, c'est pas si mal. Objectivement, c'est vide, bourré d'incohérences et de paresses d'écriture scénaristiques, c'est lourd et antipathique, mais leatherface est réussi, on a un climat de série B, la photographie est jolie, le gore est généreux. Ce film a l'étonnante capacité d'occulter ses défauts pour mettre en valeur ce qui le rend sympathique. Certes, on est loin d'un film mémorable, mais comme c'est mieux que les 2 derniers en date, tout le monde est soulagé. A commencer par netflix, qui malgré un bad buzz explose les cotas de diffusion. Une formule moins casse gueule que le dernier matrix, qui respecte au moins les attentes des fans en oubliant au passage ce qui faisait une partie du charme de ses aînés : l'humour. C'est une variante de la formule Saw, mais façon Jigsaw, classieux et sobre tout en restant dans la démesure.

Voracinéphile
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le 21 févr. 2022

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