D'une manière parfois un peu mystérieuse, certains films se retrouvent au fil des années avec une réputation assez éloignée voir aux antipodes de leur nature; sortie en 1974, Massacre à la Tronçonneuse est de ceux là. Incompréhension du public? Des critiques? Frilosité de la censure? Jugement de personnes n'ayant parfois pas vu le film? Toujours est-il qu'il se retrouve avec l'image d'un film ultra gore, une torture sanguinolente de mauvais goût, un peu à la façon d'un certain "Conan le barbare", taxé de film pour rôlistes-débilo/beaufs en mal de testostérone. De la même manière que pour notre barbare de Cimmérien, certains ont encore parlé un peu vite...
Armé d'un budget ridicule et d'une liberté totale, **Tobe Hooper** va choisir pour son Slasher l'approche la plus direct possible( 5 amis se baladent en minibus, oh tiens une ferme isolée et BIM, stupeur et désarroi!)tout en évitant les travers débilitant de la plupart de ses successeurs. Ici, pas d'embranchement ou de développement parasite, il accouche d'un film frontal, rugueux, avec une sensation de chaleur qui colle à la peau, cherchant l'impact avant tout. A cette vision il combine un travaille des cadres et de la lumière apportant à l'ensemble une beauté glauque et mortifère, comme un rêve qui tourne au cauchemar.
Pour ce qui est de l'insupportable boucherie annoncée, il n'y a pas vraiment lieu de parler de gore ici, la plupart des plans impliquant les talents de charcuteur de **Leatherface** sont cadrés de manière à suggérer plus qu'a montrer. L'horreur du film réside dans son atmosphère; Dés l'ouverture, **Hooper** crée une aura malsaine autour de son film, l'installant dans le réel en relatant le fait divers macabre en introduction, prenant soin de poser lentement son ambiance pour finalement la faire vriller, pour culminer à la scène du repas qui hante encore l'esprit de beaucoup d'entre nous. Conjugué à l'atmosphère fiévreuse et le travaille impériale sur le son(chaque hurlement vous transpercera les tripes), **Massacre à la Tronçonneuse** se reçoit comme un uppercut.
Autant portrait d'une Amérique en pleine désillusion qu'un conte macabre, on peine encore à comprendre ceux à quoi on a assisté qu'**Hooper** finit de mettre la mâchoire du spectateur en morceaux et ancre définitivement son film sur notre rétine: le rire hystérique et le regard halluciné de **Marilyn Burns**, et le légendaire croquemitaine, dansant dans les premiers rayons du soleil, tétanisant.
C'était **BigMadTom**, qui ne verra plus les dîners en famille comme avant.