Ayant été biberonné au cinéma des années 2000, il m'est impossible de ressentir le choc horrifique, la fascination malsaine qu'a provoqué Massacre à la Tronçonneuse à sa sortie. Je n''ai aucune honte à l'affirmer, après avoir vu le film de Tobe Hooper et son remake signé Marcus Nispel, je préfère toujours ce dernier. Mieux encore, c'est à la lumière du film originel que je mesure à quel point le remake est une réussite quasi miraculeuse qui a évité le piège du copier-coller.
Mais revenons à ce Texas Chainsaw Massacre premier du nom. S'il est dur aujourd'hui de le considérer comme "le film le plus terrifiant de tous les temps", il faut reconnaître le fantastique boulot de Hooper sur l'atmosphère. Il ne se contente pas d'empiler les détails morbides à l'écran, il montre surtout un réel savoir-faire et une maîtrise de la grammaire cinématographique. Hooper fait tout pour créer le malaise en distillant le crade dans tous les interstices, du grain pellicule au moindre bruitage. Quelques compositions macabres restent en tête après le visionnage, comme le travelling d'ouverture et ces deux cadavres jonchés sur une tombe, l'apparition de Leatherface dans le noir, ou ce plan fou de Leatherface en transe devant le soleil levant. A côté de ça, le manque de moyens se fait sentir par intermittences, certaines scènes manquant de l'impact qui aurait pu rendre le film plus viscéral et crédible.
Le réalisateur, également co-scénariste, a apporté pas mal de soin à la conception de ses personnages, loin des clichés d'ados décérébrés sur lesquels on se repose facilement aujourd'hui (et l'une des grosses faiblesses du remake). C'est du coup assez dommage que certains soient sacrifiés si vite, surtout Franklin, le plus enveloppé mais aussi le plus développé et le plus intéressant. Pour des acteurs amateurs, le casting s'en sort plutôt bien.Hormis le fait que Marilyn Burns court si lentement qu'on voit clairement Leatherface ralentir intentionnellement pour ne pas la rattraper trop vite, elle joue la scream queen avec un degré d'implication effarant.
Niveau gore en revanche, le film parait aujourd'hui extrêmement gentillet et très suggestif, à tel point qu'il n'y a plus vraiment lieu de conserver une interdiction aux moins de 16 ans (et pourtant je ne suis pas un habitué des films d'horreur). Si vous voulez vraiment prendre un coup de flippe, il faudra y aller à fond, volets fermés, un soir d'Halloween, assis à côté de votre boucher habituel parfumé aux abats.