Après le traumatisme que constitua Massacre à la Tronçonneuse en 1974, la figure du redneck commença à perdre de sa « superbe » pour finir par s’effacer au gré de la nouvelle vague de slasher et de ses tueurs masqués. Aucune suite direct n’avait été donné, et on imaginait la famille Sawyer évanouit définitivement dans l’imaginaire collectif. Il faut dire qu’il paraissait difficile de donner suite à un survival sans faire dans la redite ou bien d’en démystifier sa principale attraction : Leatherface. Massacre à la Tronçonneuse 2 aura donc mis 12 ans à voir le jour, et plutôt que de refiler le bébé à n’importe quel sagouin, la Cannon aura préféré confier les soins à son créateur pour lui accorder une liberté créative total si on excepte les contraintes calendaire. Tobe Hooper s’y fera et répétera l’opération commando qui avait autrefois fait son succès, nanti cette fois d’un budget à la hauteur de ses ambitions qui voue cette fois à s’écarter de l’horreur anxiogène et suggéré du premier pour mieux se complaire dans l'humour noire et le gore à foison. Quant au choix de délocaliser l’action en partie dans un parc d’attraction n’avait rien d’anodin de sa part puisque le récit a tout d'un tour de train fantôme. Massacre à la tronçonneuse 2 confirme ainsi l’adage du bigger and louder des sagas de film d’honneur avec une forme d’hystérie collective qui innerve tout le récit. Le but était également de coller au plus près des attentes du public de l’époque largement habitués aux effets spéciaux. Massacre à la Tronçonneuse avait sa réputation à défendre, surtout quant on sait qu’on y voyait aucun démembrement et même peu de sang. Il fallait donc que Leatherface frappe fort, et si les Hippie ont depuis longtemps plié le campement, l’Amérique Reaganienne constitue le terreau idéal dans laquelle tailler le bout de gras et sur lequel repose d’ailleurs l’empire du cuisinier qui ne manque jamais de bagout pour embobiner les gens et leur vendre son chili enrichi à la couenne d’être humain.
Le ton est donc ouvertement satirique, même si Hooper ne cachera rien des horreurs et exactions de la famille Sawyer jusqu’au point de vouloir nous refaire le coup du traditionnel repas de famille où le patriarche cherche encore à marteler ses victimes comme au temps où il équarrissait les bovins. Le doyen a d’ailleurs bien meilleur mine qu’avant grâce à un régime hyper-protéiné riche en barbaque bien sanguinolente. Les personnages ont peu évolués en une décennie, Leatherface est à l’âge mental de sa puberté, et l’auto-stoppeur mort dans le premier est devenu une momie. Chez les Sawyer, rien ne se perd tout se transforme, on fait des abats jours en peaux humaines ou bien des masque de carnaval. Le réalisateur en profite pour nous introduire Chop-Top autre frère dégénéré de la fratrie pas moins ravagé du ciboulot depuis son retour du Vietnam. Mais cette fois-ci la famille fera trop de bruit et ne pourra plus continuer à opérer impunément puisque le lieutenant Lefty souhaite venger la mort des hippies en nous gratifiant d’un duel épique et grand-guignolesque à la tronçonneuse. Si on peine un peu à retrouver l’atmosphère mortifère du guet-apens bordélique texan, le charnier de cette fête foraine souterraine constitue un guêpier tout aussi fascinant. On alternera entre le rire et le dégoût de certaine situation autour d’un scénario un tantinet faisandé, qui ne manque néanmoins pas de générosité. C’est même à se demander si Dennis Hopper n’avais pas refilé du LSD à toute l’équipe. Dans ce festival grotesque et macabre réunit autour d’un vacarme parfois assourdissant entre les cris et effusions de sang, on fini par se poser des questions sur notre propre insensibilité à la violence. On est à fleur d’une chaîne presque émoussé qui ne serai jamais bien loin de dérailler dans la parodie potache. Le film en déroutera d'ailleurs plus d'un. Pourtant malgré son exubérance, Massacre à la Tronçonneuse 2 marquera les esprits et montrera la voie à un certain Rob Zombie qui mariera cette influence prédominante à son univers bariolés de freaks et de dégénérés mentaux dans La Maison des 1000 Morts. En poussant les curseurs de la folie à la limite d’un Tex Avery, Tobe Hooper aura peut-être était trop audacieux au point de voir une frange du public lui tourner le dos, pourtant cette suite n’en reste pas moins dérangeante même si ces surprenantes ruptures de ton auront raison de son échec à la fois critique et financier à une époque où les rednecks appartenaient déjà au passé.
Plus on est de fous, plus on rit. Sur l’Écran Barge, tu trouveras toute une liste de critiques de films complètement DIN-GUES !