Je découvre Paul Schrader avec son dernier film "Master Gardener". Et ce qui est sur c'est que je vais continuer un garder un œil sur ce Monsieur tout en rattrapant ses premiers films. Car Master Gardener est évidemment un film réussi, du moins qui coche toutes les cases du film réussi. Malheureusement, c'est aussi ce point-là qui fait que c'est n'est jamais plus qu'un film réussi.
Je découvre donc ce "Master Gardener" en ne sachant pas vraiment ce que je vais voir, est ce que c'est un thriller, un drame ? Je ne sais pas du tout. Et je pense que ça a été une bonne et une mauvaise chose, je m'explique : une bonne chose, car j'ai été tout le temps dans la découverte ce qui est vraiment le meilleur moyen de regarder un film à mon sens. Une mauvaise chose, car finalement le film lui aussi oscille entre les deux et ne sait pas trop se positionner.
"Master Gardener" nous parle de la rédemption d'un homme qui va trouver le bon chemin à travers les plantes. Sur le papier, ce n'est pas déconnant comme idée même si l'analogie du principe de mauvaises herbes et de repousse avec la rédemption d'un homme est littéralement grossière, l'idée ici est assez bien enrobée pour ne pas que ce soit trop poussif.
L'enrobage justement, je pense que c'est la plus grande force de ce film. Paul Schrader, film ses acteurs et ses décors d'une manière réellement brillante et on sent une expérience totale et une maîtrise parfaite de son sujet. Paul Schrader à du moins avec ce film pour moi cette espèce d'aura des "vieux" réalisateurs (vieux d'un point de vue d'expérience) qui aiment le cinéma depuis toujours et qui garde toujours ce style très "lent" dans le bon sens du terme, toujours sublimé par une écriture et des acteurs exceptionnels.
Et justement, Joel Edgerton est hypnotisant et sa relation avec Sigourney Weaver est aussi terrible que passionnante. J'ai beaucoup aimé le personnage de Quintessa Swindell qui même si la base du personnage n'est pas très originale, elle arrive elle à lui donner une "touch" plus originale.
Enfin, le tout est habillé par une musique présente à 90 % prenant la place elle-même d'un personnage à part entière (je suis toujours fasciné par les compositeurs qui réussissent cet exploit.). Pour l'instant, comme je le disais, le film coche toutes les cases de la réussite.
Mais le vrai problème du film se cache sous sa forme. Les films sur la rédemption sont légion et être original lorsque l'on traite ce sujet, c'est de plus en plus difficile. Et ici, malheureusement, "Master Gardener" ne déroge pas à la règle et tombe finalement dans la facilité, dans un film que l'on devine trop facilement parce que malheureusement pour lui, d'autres sont passés avant lui. Les deux films d'ailleurs qui lui font de l'ombre : "Gran Torino" et American History X" pour ne pas les citer (je déteste cette expression.). Le film a les qualités de ses deux films cités précédemment sans en avoir compris l'essence même, notamment avec le rapport à la violence.
"Master Gardener" nous parle d'un homme par le passé extrêmement violent, mais finalement ne nous fait jamais comprendre à quel point. Ni à l'image, ni même à l'écriture, il est facile de lui pardonner en tant que spectateur car nous ne sommes pas trop au courant de l'homme mauvais qu'il était avant et c'est vraiment dommage car on perd en dualité justement...
C'est donc avec curiosité que je vais me lancer dans la filmo de Paul Schrader, car il me semble être un réalisateur de talent avec d'immenses qualités et j'ai notamment hâte de découvrir "The Card Counter" avec Oscar Isaac.
Finalement, je suis content de "Master Gardener" qui m'a malgré tout permis de découvrir un réalisateur à suivre.