Woody Allen crée une ambiance très perturbante dans une situation qui commence très rapidement à fléchir.
Chris Wilton, professeur de tennis, travaille dans un club huppé de Londres où il fait la rencontre de Tom Hewett, issu d'une famille très aisée. Invité chez les Hewett, Chris y rencontre la sœur de Tom, Chloe. Chloé est irrésistiblement attiré par notre protagoniste et débute une relation entre les deux. Cependant, l'attraction irrésistible de Chris se dirige vers Nola, la fiancée de Tom. S’ensuit alors un scénario assez classique avec un adultère dissimulé. Malheureusement, la relation adultérine de Chris avec Nola va lentement joué sur l’esprit de la jeune femme. Et enfin, paroxysme du film, Nola tombe enceinte.
Nola est follement amoureuse de Chris mais elle est esseulée à cause de la première relation de son amant, incomprise et crispée par son manque de confiance en elle, la jeune femme va se retrouver brisé par cette relation. Chris de son côté est tiraillé. Notre protagoniste a toujours recherché l’idéal de la réussite très classique : argent, mariage, travail, milieu social élevé. Cette idéal de réussite a pu se faire essentiellement par sa première relation avec Chloé issu d’une famille aisée. De l’autre côté, il est follement amoureux de Nola. Cependant, leur relation lui est interdite, elle est synonyme de complications.
Le début de "Match Point" est tout à fait conventionnel. Tout est parfaitement bien rangé, soigné et opulent, dans un univers lisse et policé. Dès le départ, Chris s'est résigné à se conformer à un moule préétabli, répondant à l'idéal social de la réussite. Ce désir laisse transparaitre un certain malaise du personnage qui n’est pas fier de ce qu’il est et souhaite faire partie d’une classe sociale plus haute. C'est alors que Nola entre en scène. Avec leur rencontre, le danger apparait, la vie de Chris va se retrouver grandement bousculer.
J’ai trouvé le personnage de Chris assez inintéressant dans sa recherche du succès. Néanmoins, il est assez agréable de voir une personne réussir à gravir les échelons sociaux. De plus, le personnage prend en dimensions lorsqu’il rencontre Nola et qu’il est tiraillé entre ses aspirations de succès et son désir charnel. Nola est elle un personnage très intéressante. Elle s’acharne dans son malheur. Cette construction du personnage la rend assez profonde.
La fin du film est poignante. Et quelle morale ! Évidemment que la chance à la plus grande importance dans la vie. Elle est impartiale. Et malheureusement, elle ne récompense pas toujours les bonnes personnes. La métaphore avec la bague et le filet de tennis donne toute sa superbe à la fin du film. On peut aussi observer autre chose de la fin. La réussite sociale et professionnelle est récompensée. Il s’agit d’une constatation assez tragique des valeurs de notre société. D’une part, Chris choisit finalement son idéal de réussite sur son amour pour Nola. La fin pour cet anti-héros est heureuse. Il a réussit sa vie par sa lâcheté et son égoïsme. D’autre part, l’inspecteur de police abandonne son pressentiment pour suivre l’analyse de son collègue. Un jeune homme d’affaire, aisée, intelligent, séduisant, éloquent, charmeur, … Il ne s’agit pas d’un profil de tueur.
Au niveau de la mise en scène, Woody Allen est toujours assez efficace. La photographie est assez claire et épurée tout au long du film démontrant d’une facilité, d’une situation lisse et aisée. Cependant, elle prend des aspects plus sombres à certains moments : la fin, les appels de Nola désespérée, les moments de doutes de Chris, … Ainsi, la photographie s’adapte parfaitement à la situation des personnages. La scène dans laquelle Nola couche avec Tom son premier époux pendant que Chris les observe est un parfait exemple de cette pirouette de réalisateur. Chris est dans l’ombre, triste, il est entouré de couleurs sombres. Au contraire, Tom et Nola sont heureux et amoureux, ils sont dans une ambiances plus claires avec de vives lumières.
En ce qui concerne le rythme, j’ai personnellement trouvé que le film a du mal à trouver un rythme soutenu durant la première moitié du film. Après que la situation soit installé durant les première 20 minutes, le rythme s’essouffle un peu et il est plus difficile de s’accrocher.
En somme, le film reste assez réussi. Le scénario original nous offre un jeu d’ambiance intéressant alternant entre facilité, politesse et bonheur de nos personnages mais tout cela sur un fond de malêtre dérangeant évident. Puis, une ambiance beaucoup plus perturbante s’installe dans la seconde moitié du film.