Assez curieusement cette trilogie mythique semble avoir quelque peu perdu son aura magique au fil des ans, au point d'être snobée par les jeunes générations, oubliée des anciennes et seulement adulée par quelques fans nostalgiques, dont je fais partie.
Autant dire que cette sortie au beau milieu des fêtes de noël comme un gros blockbuster qui va tout péter au box-office est un choix assez curieux tant le film affiche une sorte de pudique modestie éloignée de son illustre passé.
Lent, bavard, doté de scènes d'action un peu inutiles et très peu chorégraphiées, ce démarrage est assez poussif. Le plaisir de retrouver cet univers si riche, si excitant, se mêle à la circonspection de voir cette lente exposition susciter aussi peu d'engouement. Certes, Lana Wachowski parvient intelligemment à contourner l'écueil du fan service facile et redouté sur ce genre de projet, hélas la mise en scène très fade nous fait rapidement sombrer dans un certain ennui. A l'exception d'une scène de course poursuite dantesque, étonnement violente, mais totalement jubilatoire, exit les plans iconiques qui ont fait le succès de la trilogie, les plans larges, ralentis et autres exubérance visuelles. Désormais le style se veut plus sobre, plus proche de la série Sense 8 que des précédents Matrix. Si la narration surmonte aisément cette évolution, le spectacle s'en trouve grandement impacté. Dès lors, il faut accepter cette nouvelle vision de la matrice et en apprécier ces modulations, quitte à mettre ses attentes de côté.
In fine, il reste néanmoins cette impression d'incomplétude, comme s'il manquait à ce Matrix sa deuxième moitié créatrice pour savourer pleinement ce retour, comme un arrière-goût de demie résurrection...