Matrix a toujours été pompeux. Genre vraiment pompeux, de grandes tirades philosophiques n’amenant finalement pas grand-chose, mais il y avait, au moins dans les deux premiers volets, une mise en scène, une imagerie intéressante et des scènes de combat assez démentes. L’idée de faire une suite, vingt ans après, à cette trilogie qui n’en appelait pas, pouvait paraître saugrenue. Et d’ailleurs, pendant la promo, on sentait que personne n’avait envie de le faire, y compris les Wachowski, divisées par deux, ne laissant que Lana à la barre, une Lana qui elle-même semble n’en avoir plus grand-chose à faire de Matrix. Et pourtant, la première heure pouvait laisser un peu d’espoir, une réflexion méta sur ce qu’est Matrix dans la culture populaire, ce qui en a été fait, jouant avec la trame de la trilogie originale pour trouver un nouveau propos, en envoyant au passage des insultes à l’industrie marvellisée qu’est devenu Hollywood. Ça, c’est les pistes qu’ouvrait la première heure. Sauf que non. Matrix 4 est exactement ce qu’il critique, et être conscient d’être raté ne le rend pas moins raté. En effet, passé la première heure, on va enchaîner dialogues d’exposition mal écrits et mal joués, scènes d’action surcuttées et pas jouissives pour deux sous (exception faite de la course poursuite à moto qui fait office de climax au film), tout ceci s’inscrivant dans une intrigue encore plus tirée par les cheveux que celle de Reloaded et Revolutions, qui nous rappelle aux heures les plus sombres du pouvoir de l’amour. Tout est inintéressant, et même quand la photo est jolie, James Cameron l’a déjà fait dans Avatar. C’est bête, c’est prétentieux, et finalement, ceux qui prennent la pilule bleue, traités avec condescendance par le film, ce sont bien ceux qui encensent ce Matrix 4, résonance encrassée d’une industrie malade, et constater le problème avec autant de condescendance ne le fait pas disparaître.