L'attente était longue, les craintes légitimes : que raconter de plus après la trilogie et son final plutôt limpide ? Le risque de se perdre dans un reboot pas essentiel, dans le fol espoir de ressusciter une franchise uniquement dans un but commercial était tentant...
Fort heureusement, rien de tout cela au final. Mais voir ce film nécessite une ouverture d'esprit au sens le plus large, sous peine de passer à côté de certaines choses, primordiales, dirons-nous.
Oui, c'est une suite, en quelque sorte mais c'est aussi un reboot, en quelque sorte... Je sais ça n'aide pas mais en voyant le film on comprend mieux les proportions de la "suite rebootée". Oui, l'action se déroule après les événements du 3e film, dans une nouvelle matrice, comme on pouvait s'y attendre. Les nouveaux personnages sont expliqués et on va retrouver d'anciens persos (dont quelques caméos particulièrement "comiques", pour ne pas dire pathétiques mais ceci est un autre débat).
LA grande force de ce 4ème Matrix tient, pour moi, dans sa réinvention, ou plutôt sa propre critique. J'entends par là, la critique de tout ce que représentait la trilogie jusqu'alors. Sans vous spoiler, disons que dans cette nouvelle Matrice, Matrix et ses 3 films existent en tant que jeux vidéos révolutionnaires et que la Warner en est le diffuseur. Thomas Anderson en est l'architecte, bien que des choses étranges se passent autour de lui, mais d'après son psy tout est dans sa tête... Voilà, en gros, le pitch alors que Bugs, un nouveau personnage aux cheveux bleus, explore cette Matrice et y découvre des bugs... (coïncidence pour le prénom, "bugs" signifiant "insectes" en anglais...)
Visuellement, même si le film ne révolutionne pas le cinéma tout comme l'avait fait, en son temps, le 1er opus, ça dépote et c'est très réussi, tout comme la BO, les effets spéciaux (malgré un peu de recyclage). Les combats et Neo peuvent paraître mous par moments, Neo incarnant ici davantage une figure christique, plus en retrait par rapport à d'autres (en particulier certains personnages féminins). J'ai bien aimé l'explication de cette nouvelle version de Morpheus et le fraîcheur bien badass apportée par Bugs.
Plusieurs décennies se sont écoulées, la vie a évolué, le reboot de la Matrice a changé des choses, aussi bien chez les humains que chez les machines (coucou les nouveaux alliés robots tout mignons ! ^^). Bref, tout ça pour dire que le scénario est pertinent, que certains dialogues sont complètements démentiels et retournent le cerveau (soyez attentifs, comme d'hab' ! ^^), on retrouve l'esprit originel de Matrix mais détourné par sa génitrice : à savoir une satire du capitalisme et de la sphère hollywoodienne, plutôt bien trouvés. Quelques personnages iconiques font leur retour, sous d'autres traits, la guerre n'est pas terminée (elle ne le sera jamais) mais si vous espériez un reboot complet vous serez déçu car ce film est avant tout une histoire d'amour. Purement et simplement. La force de l'amour qui unit Neo à Trinity et ses conséquences... Je n'en dirai pas plus, le teaser le dévoilait déjà plus ou moins. Mais oui, dans ce nouveau Matrix, l'amour est au centre de tout. Au-delà même du simple fait de croire qui était pourtant si essentiel dans la trilogie.
Quant à la fin, elle est jubilatoire et fait office de pied de nez. Impossible, cependant, de prévoir si une suite verra le jour tant ce 4e film peut se suffire à lui-même. Surtout si c'est pour massacrer tout ce qui reste (Lana Wachowski n'a pas hésité à fracasser son mythe pour le plaisir de la satire, décision plutôt courageuse et originale mais que beaucoup ne comprendront pas ni n'apprécieront).
En bref, le second meilleur film de la saga, pour moi, juste après le 1er volet !