On hésite à prendre la pilule bleue pour zapper ce quatrième opus réchauffé et fade à la fois ("un tour au micro-ondes, et voilà c'est prêt"), qui s'amuse dans sa première demi-heure à faire du méta (il se moque ouvertement des trois opus précédents, ce qui est amusant si l'on est fan - avec toutes les réf' - en même temps que l'on transpire que cela ne soit vrai... Heureusement non, ouf) mais qui se retrouve vite gangréné par ses flashbacks incessants et ses scènes rejouées à l'identique, ses personnages qui sont des "New"-perso précédents (le New-Smith, le New Morpheus et même l'ancien sous une autre forme...). Tout ceci donne cette saveur de réchauffé sans idée. Ce quatrième opus pâtit aussi amèrement de l'absence de Carrie Anne-Moss (elle doit être présente environ douze minutes sur les 2h30 de film...) et de scène d'action "culte" : tandis que chaque opus peut se targuer d'avoir sa scène d'action mémorable (le bullet time du premier film, la scène de l'autoroute et du Super Brawl au parc de sport dans le deuxième, la bataille finale contre Smith dans le troisième...), Resurrections n'a, lui, absolument rien à proposer. Un peu de kung-fu fatigué au début, deux ou trois explosions à la fin, et on tourne la page. En revanche, pour ce qui est d'être bavard... On se sera aussi étonné d'un changement majeur très mal amené (
Trinity peut voler, alors que Neo ne le peut plus
), le film sortant sa musique orchestrale pour souligner tout le sérieux de la scène, tandis que la salle entière éclatait de rire (et qu'on se lançait plutôt dans un "face palm")... Pour les quelques bons points à retenir, on admettra quand même le rôle de méchant de Neil Patrick Harris (et ses lunettes délicieusement immondes) qui s'en sort avec les honneurs (il s'amuse, et reste beaucoup plus crédible que le Mérovingien qui fait d'ailleurs un caméo... inutile, si ce n'est gênant), et un Keanu Reeves toujours aussi attaché à son personnage. Les effets spéciaux n'ont évidemment plus rien à voir avec ceux du premier opus, on pourra au moins accorder cela à ce Resurrections, dommage que la Warner se soit enguirlandée avec Disney au sujet de la sortie française en IMAX, contraignant Matrix au format "classique" (et Spider-Man héritant de l'IMAX)... On aurait adoré le voir au plein de sa forme (quelques plans en jettent, et la fin avait bien besoin de se cacher derrière un visuel impressionnant pour nous faire oublier le reste qui pêche). Après la dernière image, on vous en fiche notre billet : il y aura une autre trilogie. Mais si elle ne se détache pas de l'héritage étouffant des anciens opus (remettre des scènes déjà-vues toutes les cinq minutes n'est peut-être pas le meilleur moyen de cirer les pompes des fans, non ?), on peut vous dire que le prochain peut déjà s'appeler Crucifixion.