Compliqué de trancher. Je suis partagé.
Une première scène à l'identique du 1er volet, le seul qui en vaille le coup. On est près de 20 ans après et du code source a coulé sous ponts ; et les Wachowski parlent d'elles quand elles nous parlent de Résurrections.
Une première scène à l'identique, donc, qui nous renvoie vers le jeu vidéo, le remake, la séquelle peut-être imposée par les studios, les fans qui désormais doivent être au stade de la détection des cancers de la prostate ou mammaires et la boucle. Cette fameuse boucle. Vous allez dire, je pars en toupie, je leur prête trop d'intentions, mais sincèrement je crois pas. Je pense que Matrix est une sorte de virus des Wachowski en réponse au cinéma actuel, plutôt aride depuis quelques années, puisque contaminé par ces suites interminables de super-héros, ces remakes inutiles, ces boucles, on tourne en rond !!! Mais bon, pas que.
La Matrice c'est aussi cette vie, ce corps, cette sexualité qu'on leur a imposée. Les indices, peu subtils parfois, se multiplient tout au long de cette charge (vaine encore une fois) contre la société et la lâcheté collective de l'Homme. Une ode à l'avènement de l'égalité des sexes, de tous les sexes. La présence d'acteurs de Sense 8 n'est pas anodine, outre le désir de travailler à nouveau avec eux j'imagine, cette série vraiment sous-estimée, surtout par Netflix, abordait déjà le thème de l'identité sexuelle (entre autres) comme Matrix aborde selon moi la transexualité, le transhumanisme.
Une critique donc, aussi, de la non prise de risque, de la consommation aveugle et réconfortante. Bref tout sauf un film sans discours et point de vue. Assurément un film politique. Bourrin, frontal, appelons-le comme nous le voulons, mais c'est clair que c'est un positionnement, une profession de foi.
Ceci étant dit, sur le récit en soit, une mise en abîme plutôt bien sentie, en tout cas, j'aimais bien cette direction, le psy, tout ça, même si je me questionnais quant à l'espérance de vie d'un tel stratagème. Les réalisatrices ont décidé que pas trop longtemps visiblement, avant de revenir à leur boucle bugguée.
Les images "IRL" m'ont plu, la direction artistique incalienne si j'ose dire, druillesque était vraiment chouette, nihiliste et dark à souhait.
Néanmoins je mets 4, dans ma bouche, c'est donc bof, bof. Ouais je crois que le film se regarde un peu trop, ces flashbacks, genre de tutoriels pour nous les spectateurs, ces clins d’œil aux scènes plus ou moins cultes, aux personnages qui avaient marqué les premiers films, c'est très lourd. Lambert Wilson doit se dire qu'il a été cher payé pour sortir des gros mots déguisés en père fourras. C'est très grossier. Avec le recul, je me dis que c'est du mauvais Nolan. Dommage Carrie Ann Moss aurait pu rencarder la mise en scène sur comment faire...
En gros, j'aime que ce film ait quelque chose à dire, mais je regrette à mort que cette remise en question regarde le passé avec dégoût et que cela se limite presque à un truc autocentré. Je le vois comme ça à chaud. Je vais mûrir ce que je viens de voir, peut-être que je pars effectivement en toupie... Fuck.