Salut
Mouais, mouais, mouais...
Cette série reprend les grandes chasses de Nazis, comme Eichmann et Barbie, et aborde le thème de l'exfiltration des cerveaux nazis par l'ex-CIA, la morale, la vengeance, les conflits intérieurs; la rage, le désespoir, la tristesse et toutes les choses qu'on vécu les survivants de l'enfer de l'Holocauste.
Sujet grave, sujet tendu, sujet subtil. Et là, perso, j'ai ressenti un malaise.
Premier hic : Ok les nazis sont des salauds, et bien pire. Néanmoins la vision simpliste qui fait passer des nazis pour des Sadiques psychopathes assoiffés de sang, sans aucune pitié pour le genre humain en général est bien trop caricatural pour servir le sujet traité et la série dans son ensemble.
Deuxième hic: les passages humoristiques, genre "I'm the Codebreaker" ne semble pas du tout à leur place et je ne comprends pas leur but. Nous détendre ? Quoi ? Je me demandais quel était le ton de la série. Ok, on peut ne pas être monotâche si je peux dire, dans le ton et diversifier, enrichir et ajouter des couches pour améliorer la qualité de l'écriture, mais je trouve ça raté et à nouveau cela dessert la série Hunters. La toute première scène est même traité de manière humoristique et on pourrait penser que l'on va assister à une série un peu WTF, mais après quelques épisodes, hormis Lonny, plus rien ne vient essayer de nous amuser.
Troisième hic : la caractérisation des personnages. A coups de flashbacks récurrents, ou dans les dialogues, en sus des actions des personnages, on comprend qui est qui (marie-ange nardi) et d'où ils viennent, ce par quoi tous ont dû passer. Mais finalement, hormis le coupe Mindy/Murray, les autres histoires, les autres persos manquent de consistance ou plutôt de crédibilité pour être plus juste. Je n' y crois pas. Je ne mets pas en cause les acteurs, attention, mais l'écriture des persos, leurs relations et leurs interactions. Il y a un truc qui cloche. Peut-être la vraisemblance du récit, et puis pour le coup, je ne m'identifie pas à grand monde et donc ne tremble pas, je m'en fous de leur histoire en fait... Et du coup, ben je me fais iech.
Alors je parle pour moi, évidemment, à vous de vous faire une idée, et je ne veux en rien gâcher votre plaisir ou votre envie de vouloir voir cette série, mais je pense qu'elle est très moyenne, alors que le sujet est fort et offre des possibilités scénaristiques incroyables.
Sur Arte, était passée une série de docs sur la traque de Eichmann et Barbie (où est expliqué l'action de l'ex-CIA qui avait permis à Barbie de fuir, de finir en Amérique du sud, à conseiller Pinochet ou la dictature Bolivienne. Son aide précieuse auprès de la CIA pour leur apprendre des techniques d'espionnages, et d'interrogatoires... quand on voit le scandale de Guantanamo, ça fait froid dans le dos).
D'ailleurs, en parlant de Guantanamo, le sujet est là et la série semble renvoyer à tout cela. Peut-on agir en monstres pour punir les monstres ? Bush et la CIA après le 9-11 avaient répondu oui. La série offre un point de vue, et y répond dans le dernier épisode (je pense que la réponse est temporaire et évoluera en saison 2). Si on en reste là sur le discours du real ou du scénariste, alors on rejoindrait la quasi-totalité des films américains qui prônent la loi du talion. Du coup, dérangeant, et pour moi, si les choses devaient rester en l'état je ne pourrais (de par mes convictions personnelles) cautionner cela.
Tout n'est pas raté pourtant. C'est moins flagrant au début, que par la suite, l'époque dans laquelle se déroule l'histoire est très bien décrite, mise en images, renseignée, etc. Les références temporelles ajoutent du crédit même si le traitement des persos et tout ce que j'ai pu dire avant, selon moi, flingue tout.
Pacino est impeccable et survole le casting, exception faite du couple Mindy/Murray que j'ai trouvé plus travaillé, et de Millie, plutôt convaincante. Le reste... bof.
A vous de vous faire une idée maintenant.
EDIT : Le memorial d'Auschwitz a trouvé ça aussi caricatural , ça ne m'étonne pas et me conforte dans mon idée de série peu subtile et maladroite. Tarantino, dans Inglorious Basterds, même si c'est le film que j'aime le moins de lui, avait pour ma part réussi à y mettre de l'humour, et même si j'avais vraiment aimé la Vie est Belle, je me rappelle à sa sortie les critiques qui ont accusé Begnini de révisionnisme. C'était trop pour le coup. Ce sujet est une tragédie marquante de l'Histoire toute entière de l'Humanité, il faut être subtil quand on la traite, avec humour (noir), ou non. L'échiquier était clairement de très mauvais goût.
https://twitter.com/AuschwitzMuseum/status/1231536705624322050?s=20