Ti West vient de clore une trilogie qui ne devrait pas tarder à faire référence dans le cinéma de genre. Héritier des plus grands noms du cinéma américain, il saura avec cet opus final vous régaler de références à la pop culture. Avec « X », le cinéaste revisitait le slasher avec amusement et nous proposait un Magicien d’Oz sanglant au travers de « Pearl ». « Maxxxine » est quant à lui un hommage global à l’industrie hollywoodienne des années 80 prenant place dans l’envers du décor d’un Bates Motel en carton-pâte mode De Palma.
Mia Goth, révèle une nouvelle fois sa palette d’actrice. Son regard glaçant et ses talons aiguillez, effraient bien plus que le tueur en série sévissant alors dans les rues d’un Los Angeles perfide. Maxine est un personnage hypnotique dont nous suivons l’évolution depuis « X » mais également au travers de ce troisième volet. Sa métamorphose psychologique et sa force de caractère, relèvent une performance de la part de l’actrice impressionnante. Sa détermination et son courage inébranlable, nous tiennent en haleine tout du long. Alors que derrière nos écrans nous avons envie de lui crier « Non n’y va pas !!!! », non seulement elle ne nous écoutera pas mais ne tremblera pas davantage.
Ti West n’oublie pas un petit pied de nez à une Amérique puritaine extrémiste la singeant en une Manson Family diabolique se lavant de tout pêché. Maxine, ne fait pas défaut à ce qu’elle était quelques années plus tôt sur le tournage d’un film porno au fin fond d’une Amérique rurale. C’est une femme qui assume son ambition, son passé et ses travers ne prostituant pas ce qu’elle est au fond d’elle-même. Le réalisateur n’hésite pas à traiter de manière caustique l’idéal du rêve américain. C’est un portrait de femme forte, éloignée de l’image propre sous tout rapport de la femme américaine qu’Hollywood tente de nous vendre. Car, comme nous le dit bien Bette Davis « In this business, until you’re known as a monster, you’re not a star ». Cette partition d’actrice incarnée avec intelligence et talent permet de nous faire vivre un moment de cinéma assez jouissif.
Le casting est enrichi également par un Kévin Bacon caustique, immonde comme il faut, faisant le lien avec le passé brutal de Maxine, sous les traits du détective menaçant de gâcher ses rêves de grandeur.
Un brin gore, un peu trash, on ressent derrière l’amusement du réalisateur à nous proposer ce scénario référencé, un cinéaste technique qui n’hésite pas à enrichir ce thriller psychosexuel d’un traitement des couleurs singulier où planent non loin nos souvenirs en VHS. Il y a derrière cette trilogie une vraie pâte, un esthétisme violent et érotique constituant un univers unique.