Que dire de plus qui n’a pas encore était dit ? L’hommage au cinéma d’horreur des années ’80 (période à laquelle se passe également MaXXXine) est pour le moins criant ! X, le second film de cette trilogie ordonnée autour de la flamboyante Mia Goth, faisait déjà des appels du pied aux fans de slasher. Une maison (presque) abandonnée au fin fond de la campagne Texane, un groupe de jeune adultes impétueux venus tourner un film porno, qui vont se faire châtier par le spectre de l’Amérique puritaine pour avoir osé pratiquer l’acte interdit… Tout était déjà là, les principales ficelles (tropes) du genre, avec en prime cette touche Ti West qui venait confronter son héroïne du premier film de la trilogie (Mia Goth,), à Maxine, l’héroïne de cette séquelle (Mia Goth). Mais attention à ne pas s’y tromper, il ne s’agit pas du même personnage, seulement les deux héroïnes aux temporalités différentes, partagent ce même rêve de devenir des stars d’Hollywood. Et là où Pearl a échoué, Maxine compte bien réussir.
Dans le film qui nous intéresse aujourd’hui, Maxine débarque à Los Angeles avec des rêves plein la tête, et le mantra que lui a répété son père toute son enfance « je ne me contenterai jamais d’une vie que je ne mérite pas ». Dans le prolongement de X, elle commence donc par se faire un nom dans le milieu du porno, mais cette notoriété de niche a ses limites pour cette jeune campagnarde qui connaît sa valeur. Le métrage s’ouvre alors sur un casting pour jouer dans un « vrai » film - quoiqu’encore un peu niche - la suite logique du film érotique en quelque sorte : le film d’horreur de série B. Et sans pousser le parallèle jusqu’à la carrière porno, Mia Goth suit en définitive une trajectoire similaire avec des débuts dans le film d’horreur, jouant dans un remake d’un des plus célèbres films érotico-horrifique (giallo) italien : Suspiria. Pour quelques années plus tard, décrocher le rôle-titre dans une trilogie de film produite par le label le plus côté du moment dans le milieu de l’indie horror (ou « elevated » comme on l’aime à l’appeler).
Et c’est d’ailleurs bien là que se situe la force de cette trilogie : l’actrice crève l’écran, et on sent que Maxine et Mia partagent les mêmes aspirations, elles n’accepteront pas une vie qu’elles ne méritent pas. Ce sont des bosseuses de talent qui feront tout ce qui doit être fait pour gagner leur place dans le milieu, et Mia Goth nous l’a déjà prouvé avec ce plan final de Pearl, sourire statistique terrifiant, tourné en une seule prise.
Quant au réalisateur, après avoir exploré le slasher de campagne façon massacre à la tronçonneuse, on passe cette fois au slasher de ville dans le genre Halloween. Des meurtres inexpliqués se produisent aux quatre coins de la ville, mais pour les deux agents du LAPD, aucun dénominateur commun, à part peut-être cette ancienne actrice X prête à se lancer dans le cinéma d’horreur ? En alternance avec l’enquête des flics et le développement de la carrière de Maxine, on peut apercevoir le tueur : mutique, grand imperméable noir, gants en cuir, dont le son imprègne toute la salle quand il serre les poings… Ses plans sont bien sûr inconnus du spectateur ; joueur, il laisse des mots, des cartes, des VHS à Maxine ; ses victimes sont retrouvées atrocement mutilées, et marquées au fer rouge d’une croix satanique…
Tout cela je dois dire est assez confortable, on marche en terrain connu certes, mais d’un genre que l’on apprécie, et que l’on apprécie revoir en 2024, revisité et actualisé !
Tout l’enjeu est alors tenu secret, jusqu’à la grande révélation finale, où l’on découvrira que le cerveau criminel derrière tous ces actes cherchait à châtier des pêcheresses ayant succombées au péché de luxure. Ainsi encore plus que dans X, ou même Halloween bien avant lui, l’antagoniste est littéralement un pasteur qui punit la jeunesse décadente américaine corrompue, même pas besoin de métaphore, de masque de hockey : C’est Dieu contre Satan, direct.
En définitive, je pense que le film fonctionne très bien à un premier niveau de lecture (à condition d’avoir vu les deux premiers opus bien sûr), mais les fanatiques du cinéma horrifiques des 80’s se délecteront d’autant plus des nombreuses références à cette douce période annonçant l’expansion du libéralisme et du capitalisme prédateur < 3