May
6.8
May

Film de Lucky McKee (2002)

Tout commence comme un teen movie un peu déviant. May est née souffrant d'un strabisme très prononcé et fut très tôt mise à l'écart par ses petits camarades de classe. May n'a pas d'amis et n'a toujours eu que sa poupée à laquelle se confier. Mais aujourd'hui, May a grandi, une bonne paire de lunettes suffit à invisibiliser son défaut, elle travaille dans un cabinet vétérinaire, aime raconter des histoires un peu crades, manie le scalpel et s'intéresse de très près aux mains des hommes. May veut faire des rencontres et a bien l'intention de se lancer à son tour dans le grand bain des rapports humains. Attention aux incompréhensions. Et quand un beau garçon accepte de se rapprocher d'elle en lui avouant aimer tout ce qui est sanglant, un peu gore, May s'imagine déjà avoir touché le gros lot. Mais le pauvre n'est pas prêt. De déceptions en déceptions, avec filles ou garçons, May va peu à peu reprendre ses repères et trouver refuge et réconfort dans ses pulsions les plus macabres.


McKee, ce petit malin, prend tout son temps pour nous faire aimer sa May, nous la rendre attachante. Les rejetés aussi ont droit à leur drame romantique. Sa collègue Polly (Anna Faris, la légendaire Cindy Campbell de la saga Scary Movie), lesbienne délurée et très portée sur les sensations fortes, toujours prête à frissonner de plaisir à l'idée d'une bonne petite saignée, apporte à sa façon une touche d'humour décalé, une dose de fraîcheur à cette narration dont les tendances funestes se dévoilent progressivement. Sans dissimuler ses intentions, McKee ne brusque pas le spectateur, ne cherche pas son inconfort et fait tout son possible pour que son héroïne ne suscite en nous qu'empathie ; elle a déjà trop souffert d'exclusion. May est notre amie et on ne veut que son bonheur. Ce sera alors avec d'autant plus de tranchant que toutes ces petites bizarreries semées ici et là depuis le début du récit prendront tout leur sens, exploseront dans un candide élan de vengeance.

Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas profondément la peur que McKee semble chercher à nous vendre, sa poésie morbide résonnant surtout comme un appel à la tendresse ; un appel contrarié, inadapté.

Sachenka
6
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le 8 oct. 2024

Critique lue 60 fois

5 j'aime

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