Les excuses de Fred Cavayé ?
Nom d'un biniou, je suis en colère ! En colère contre quoi ? Contre qui ? Contre Fred Cavayé, qui m'avais fais espérer, par l'intermédiaire de ses deux premiers films fort sympathiques, en l'avenir d'un polar français efficace et qui n'aurait rien à envier à Hollywood. Le bonhomme vient tout simplement de réduire mes faibles espérances à néant avec son dernier bébé, tiré d'une idée "originale" d'Olivier Marchal.
Formellement, il n'y a pas grand chose à reprocher à "Mea Culpa", ça claque plutôt pas mal. La mise en scène est nerveuse, soignée, peut-être un peu chaotique lors de certaines séquences d'action, mais rien de trop grave. En plus de cela, la photographie est magnifique et les comédiens s'en sortent bien, Vincent Lindon en tête, déjà dirigé par Cavayé dans "Pour elle.".
Le problème viendrait plutôt de l'incapacité du cinéaste à se renouveler (l'affiche, pompée sur celle de "A bout portant", me le clamait haut et fort), à proposer autre chose que la sempiternelle course contre la montre. Le scénario semble avoir été rédigé par un stagiaire de Luc Besson, tant il cumule les clichés, les grosses ficelles et les lieux communs.
Une fois encore, vous aurez droit au trauma du héros avec les flashbacks qui vont avec (culminant dans une révélation finale donnant tout son sens au titre mais ne servant aucunement l'intrigue), l'ex-femme qui fait chier, le chiard en danger qui a assisté comme par hasard à un règlement de compte, le chef de la police qui fait chier lui aussi sans qu'on sache bien trop pourquoi, les méchants ukrainiens rasés et barbus tout de noir vêtus... C'est un festival de banalité que nous offre là Cavayé, alors même qu'il avait réussi l'exploit de passer au travers de ces pièges lors de son précédent film pourtant très épuré dans son écriture.
Grosse déception pour cette production emballée avec soin mais souffrant d'un script inintéressant au possible, ne proposant absolument rien de neuf. Pas sûr que de bosser sur "Braquo" ai aidé Fred Cavayé mais je veux bien lui accorder le bénéfice du doute et attendre son prochain essai... avec moins d'enthousiasme cependant.