Mathieu Turi s'est lancé dans la réalisation après avoir écumé les tournages en tant qu'assistant (Inglourious basterds, GI Joe, Lucy....). Hostile (2017) a eu une production difficile, si bien que Turi a pu écrire deux scénarios avant qu'il ne se tourne. Parmi eux, Méandre qui deviendra son second long-métrage et dont le rôle principal est voué dans un premier temps à Bérénice Marlohe. Malheureusement, des soucis ont eu lieu et Gaia Weiss (vue dans la série Vikings) a pris la relève quelques semaines avant le tournage. Contrairement à Hostile, Méandre s'offre une véritable sortie française et peut compter sur l'international en étant vendu dans plusieurs pays comme le Japon (où Hostile avait obtenu les louanges d'Hideo Kojima), l'Italie ou la Chine.
Le début laisse quelques craintes avec une envie de surexplication déjà trop présente dans son premier essai. La séquence ne sert d'ailleurs pas à grand chose, car certains éléments sont mieux évoqués par la suite (la fille de l'héroïne par exemple à travers des flashbacks plus cohérents). Commencer directement par le personnage dans le parcours semblait plus logique, permettant ensuite de se familiariser véritablement avec le personnage.
Mais après cela, le film emporte l'adhésion avec une héroïne combative dans un contexte qui ne fait pas de cadeau. L'héroïne subira divers enjeux, avec un certain nombre de blessures (parfois bien chirurgicales) et sans savoir réellement où elle est. D'autant qu'elle a toujours son bracelet avec un minuteur, entraînant ainsi plus de pressions encore, surtout quand un adversaire se présente devant elle. Turi n'a donc pas peur de mettre en danger son héroïne, joué par Weiss avec un investissement visible.
Dans le principe, Méandre se révèle très proche du jeu-vidéo avec une héroïne devant passer différents niveaux, quitte parfois à les recommencer quand elle se trompe (d'ailleurs, un aspect rappelle les soluces que l'on utilise pour terminer des niveaux de manière optimale) jusqu'à atteindre le boss final. Certains verront en Méandre un film de science-fiction avec des aliens observateurs, d'autres quelque chose se rapprochant de l'Enfer et de ses mises à l'épreuve pour atteindre le Paradis. Ce qui le rapproche assez de Martyrs (Pascal Laugier, 2008), avec des héroïnes souffrants pour atteindre le nirvana. Mais est-il atteint ? Turi y répond à sa manière et laisse surtout au spectateur le choix de l'interprétation, sortant donc à ce moment-là des surexplications du début.
Turi parvient à bien utiliser son décor et les différents niveaux sont suffisamment différents pour renouveler continuellement l'expérience sur un peu moins d'1h30. Sans compter l'aspect claustrophobe largement présent et qui en fera frémir quelques uns. Surtout que le réalisateur filme souvent son actrice de prêt, engendrant ainsi une forte proximité. En résulte, un second long réussi, utilisant vraiment bien son concept, tout en sortant du lot par ses quelques réflexions.