Quitte à s’enfermer dans une salle obscure pour voir un film, pourquoi ne pas pousser encore plus loin ? C’est ce que propose Méandre, nouvelle sortie française qui promet aux adeptes des grands espaces de passer un sale quart d’heure.
Nous ne sommes pas tout de suite jetés dans le grand bain. Une introduction nous est proposée, avec la rencontre entre l’héroïne et un mystérieux individu, dont l’issue ne laisse peu de doutes, si ce n’est que la suite va vous surprendre. Revêtue d’une combinaison, enfermée dans un espace presque sans lumière, métallique, la voici qui passe de ce que nous pourrions qualifier de vie de tous les jours à un décor futuriste. Dans cet étrange endroit, Lisa de son prénom, va tenter de se frayer un chemin vers une hypothétique sortie, en évitant les nombreux pièges mortels qui vont baliser sa route.
On ne fera ici pas preuve d’originalité en citant des films auxquels on pense forcément en voyant Méandre, c’est à dire SAW pour son inventivité redoutable en termes de pièges mortels et d’épreuves fatales, et Cube pour le fait d’enfermer ses protagonistes dans des endroits qu’ils doivent fuir sous peine de mourir dans d’atroces souffrances. A défaut d’avoir l’originalité du concept, Méandre sait le décliner à sa manière avec justesse et peu de moyens, trouvant lui-même sa voie dans ce dédale de références. Car Méandre est surtout, en termes d’expérience cinématographique, un film à sensations, qui parvient à nous faire endurer ce que vit l’héroïne, notamment ce sentiment d’enfermement qui vient réveiller nos terreurs claustrophobes.
En lorgnant vers l’imagerie, la gestion de l’espace et de la tension d’un Alien, et vers la capacité à enfermer le cadre dans un espace restreint pour nous étouffer comme le faisait Buried, Méandre réussit ce pari de nous crisper à bien des occasions. Peu à peu, au fil de l’intrigue, le film s’aventure sur des sentiers de plus en plus étranges et irrationnels, se détachant de notre réalité pour aller plus loin. Notre esprit rationnel se conforme alors à ce virage progressif vers l’inconnu. Ce labyrinthe sadique se mue ainsi en une lutte mentale contre la mort et les effets du deuil, où il ne s’agit plus juste de ruser pour éviter un nouveau piège, mais bien d’une forme d’introspection.
Méandre est un film déroutant à bien des égards, mais c’est ce qui le rend attrayant. En dépit de ses influences, ce n’est pas un film qui doit souffrir de la comparaison avec ses aînés. Raisonnable dans les moyens dont il dispose, c’est aussi un film un brin imparfait, aux allures de Série B, mais cela est loin de le condamner à la médiocrité. L’ambiance est réussie, Gaïa Weiss tient très bien son rôle dans cet environnement suffocant, et on se prend tout à fait au jeu. Un mélange des genres réussi qui nous vient encore de France et qui vaut le coup d’œil.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art